jeudi 22 novembre 2007

De l'art du courtisage

Un jour, Dieu créa le monde, puis les êtres humains. Comme la beauté, la classe et le respect furent distribués au hasard.

*

Il est 11h00. J'allume le néon "ouvert" dans la porte du restaurant. Deux hommes d'une cinquantaine d'années entrent et s'assoient au bar. Visages burinés, larges mains aux ongles noirs et vestes à carreaux. Sans doute des travailleurs manuels.

Deux cafés. Je fais couler un silex, apporte les tasses. Au bout de quelques minutes, je reviens avec la cafetière, propose un réchaud.

- Si tu veux me réchauffer, tu peux t'asseoir sur mes genoux.

Waitress se contente de soulever le sourcil droit et vire de bord.

- Heil Menou ! Tu veux me faire payer maintenant, Menou ?

Mouais. Menou t'amène la facture, tu vas crisser ton camp plus vite.

*
Dans ma section, un client régulier. Il passe environs deux midis par semaine avec moi. Un homme en complet, fin quarantaine, bon sens de l'humour. Sauf lorsqu'il boit. Ce qui est le cas aujourd'hui. Il en est à son septième verre de vin lorsque je lui apporte l'addition. Une maladresse de ma part et je fais tomber un panier de crèmettes à café. Je me penche, ramasse le tout en m'excusant.
- Ça mérite une fessée ça, ma belle.
Je me relève et le regarde d'un oeil mauvais. Patron qui entend tout.
- Attention, je donne droit à mes serveuses de frapper les clients non-respectueux.
- Ça me plaît, ça me plaît, la fessée mutuelle.
*
Au bar, un autre régulier. Il a appris que je suis célibataire. Chaque fois que je me retrouve derrière le comptoir pour couler une bière en fût ou un allongé, il me crie son numéro de téléphone. 555-5052. Lâche pas, mon homme.
*
À la 18, deux hommes lunchent ensemble. Professeurs à l'université Laval en science politique. Après deux pintes de bière et trois verres de vin chacun, ils passent au Calvados. Monsieur au foulard rouge ne peut s'empêcher de me flatter le bras lorsque je vais à leur table. Et même si je me tasse, il recommence. Me pose des questions sur mes études. Je raconte que j'ai dû mettre fin à mon Bac après une pénurie d'argent, que j'aimerais peut-être retourner sur les bancs d'école.
- Ça te prend un sugar dady, quelqu'un comme moi.
Humm. Pas certaine.
À la machine Intérac pour son paiement, il me prend par les hanches, me colle ses lèvres sur la joues et me serre contre son corps. Beurk.
*
Un dîné payant pour la Waitress, oui. Mais deux heures un peu moches, quand même. Heureusement, il existe sans doute des gens timides parmi mes clients...

16 commentaires:

Valérie-Ann a dit…

Ouach... ouach.

chewbacca a dit…

Mets-en ouach...

J'espère que ça ne s'attrappe pas en vieillissant sinon, oussé que je peux me faire vacciner tout de suite... :)

Unknown a dit…

arke.

Y'a rien de pire que des clients colleux collants...en plus tu les vois (et entend) arriver de loin. ça donne envie de partir à course!

Je t'admire de faire encore ça.
On peut jaser pendant des heures sur les points positifs et stimulants du service, mais juste ramener ces dégueu-là sur la table et ça me rend bien heureuse de ma retraite.

Waitress a dit…

Faut dire que ça ne se passe pas ainsi à tous les jours, sinon je n'y arriverais pas, je crois. Peut-être que les hommes de plus de 40 sont plus sensibles aux tempêtes de neige ?!?!?!?

Unknown a dit…

nenon y'a pas d'excuse ça manque de classe

Y'a tu tant que neige que ça à Québec?

pascal a dit…

Rassure-moi, ils ne sont pas tous comme ça quand même. Il doit y en avoir quelques uns qui savent comment s'y prendre, être courtois et moins Fardoche ?

Anonyme a dit…

Moins Fardoche LOL.

Jeune Homme a dit…

Je l'ai toujours dit.. La restauration reste une forme basic de prostitution.. ;)

On es tous des "menou" ... :oP

Monsieur l'adulte a dit…

''Comme la beauté, la classe et le respect furent distribués au hasard.''

Je ne pouvais imaginer à quel point c'était vrai pour ceux qui t'entourent.... Again and again: EURK!

Unbélier a dit…

Ma chère, les hommes de 40 ans ne sont pas tour sensible à la neige mais seulement à la beauté, qui je l'avou est comme le soleil sur la neige éblouissant. Des niaiseries y s'en dit et fait à tous les âges...

PS: le 555-5052 tu son vrai numéro hahahahahaha pourrais peut-être l'appeler pour le niaiser....

Maiken a dit…

mdr! Qqn qui te connaît pas pourrais croire que tu travaille ds un casse-croute à vieux cochons sul bord dla 40 entre 2 bleds pourris...tinquièt, moi jte connais. :D

j-h, si j'hésitais à démissionner, là tu viens de donner le coup de grace :P

Julie a dit…

Le travail avec le public amène son lot de ouach... une chance c'est pas toujours comme ça.

Waitress a dit…

Bha, le Jeune Homme a bien raison, le service, c'est de la prostitution légale et règlementée. Heureusement, le plupart du temps, les clients ne sont pas comme ça avec moi !

Eh non, je travaille pas dans un casse-croûte d'un bled perdu, mais dans le quartier le plus cossu de la ville et 90% de mes clients sont vêtus de complet et de cravatte, traîne une petite malle avec eux et bosse pour des bureaux important de la ville. On devrait leur rappeler que l'argent ne permet pas tout dans la vie...

gaétan a dit…

Bof des colons y en a partout. C'est juste qu'ils se démasquent rapidement après 2-3 verres. Qu'importe la job quand tu travailles en public ça amène son lot de gens bêtes et méchants.
Pas pire la passe du num. de tél. c'estvrai que ça donne l'envie d'appeler..@-)

Waitress a dit…

Ahahaha, l'ennuie est que ça n'existe pas un numéro qui commence par 555-****. Qui a essayé de le composer !??!?! :P

gaétan a dit…

Pas moi.... Mais être témoin d'une telle scène et que la waitresse serait une amie il y a de bonnes chances que je me serais permis quelques appels.