mercredi 28 novembre 2007

Envie de repos

Waitress en pleine errance dans les rues de la Basse-Ville. Avec le froid qui attaque le corps, qui embue les yeux et force le pas plus rapide. Il fait nuit, tout est calme. Je regarde vivre les autres en passant devant les fenêtres aux rideaux minces, aux stores entrouverts. L'heure est au souper, ça sent la soupe et la friture dehors.

Je repasse ma journée de travail. Beaucoup de clients, avec peu de temps devant eux, et cette lassitude dans le corps. Je n'arrive plus à dormir plus de quatre heures, les muscles et le cerveau se fatiguent. Waitress et un besoin de vacances. Ou d'un congé normal. 24h00 à moi dans une semaine, ce n'est pas suffisant. Et le collègue qui demande que je le remplace deux week-end consécutifs en décembre... Pas le choix de le faire, suis la seule disponible. Je n'arrive jamais à dire non. Trois semaines sans repos à l'horizon. Il faut que je dorme d'ici là. Et qui me remplacera, moi ?

Pendant le rush, tandis que je baladais des assiettes avec un flagrant manque d'entrain, l'envie de laisser tomber la vaisselle. De la regarder se fracasser sur le plancher. Voir les morceaux de porcelaine s'éparpiller entre les pieds des clients. De salir les beaux manteaux accrochés aux dossiers de chaises. Voir Patron courir vers moi pour m'engueuler. De le laisser me traiter d'incompétente. Lui donner raison et partir, passer la porte avec un salut de la main.

Je me voyais déjà, chez moi, avec un chèque de chômage au coin de la table. Avec du temps pour faire ce dont j'ai envie, avec tout le temps du monde pour me reposer.

Alors j'ai continué. Le rush a passé, j'ai pris ma voiture et regagné l'appartement. Il fait nuit, froid. Dehors, ça sent la soupe et la friture.

lundi 26 novembre 2007

Al Bee

Il arrive un moment où le sommeil solitaire devient lourd pour les éternels célibataires. Plus qu'une histoire de lit trop grand, trop vide, trop froid, c'est la chair qui appelle à un peu d'amour. Enfant, on nous serre toujours contre de grands corps, des lèvres humides dans le cou, des mains qui nous chattouillent et ébouriffent les cheveux. Puis on nous dit que nous sommes vieux pour se faire cajoler, bercer. Sevrage d'affection.

La Waitress vit un important épisode d'insomnie. J'ai beau lire, prendre un bain, boire du lait chaud, je me résigne à regarder passer les heures de la nuit. Lorsque je me retrouve à dormir avec quelqu'un par contre, je trouve le sommeil en quelques minutes. Comme si la chaleur du corps qui m'enveloppe me rassure, me comble et vient détendre cette tête qui pense sans arrêt.

J'en ai discuté avec Al Bee, l'été dernier. Lui aussi connaît le même trouble. M'a confié qu'il laisse souvent la télévision allumée, pour se faire croire qu'il n'est pas seul dans son appartement. Moi aussi. Je me laisse une lumière en permanence au salon. Pour me laisser croire qu'une personne m'attend le soir, au retour à la maison.

Un accord entre nous. Lorsque la solitude devient intolérable, qu'elle creuse nos yeux et prive du repos, un coup de fil. Viens-tu dormir avec moi ?

Au bar, plusieurs pensent que nous sommes un couple. Parce que nous quittons l'endroit enlacés, en souriant. Contents de savoir que la nuit sera douce, calme et chaude. Qu'au matin, on pourra partager un café et une cigarette et prolongé la suspension du temps.

Parfois, on s'embrasse, on se caresse. Rien de plus. Ce qu'on aime, c'est dormir en cuillère ensemble, peau contre peau. Sorte de relation platonique qui comble les besoins affectifs sans faire de mal à personne.

Samedi, nous étions invités à bruncher chez un ami commun. Alors que nous fumions une cigarette sur le balcon, en grelottant, un peu saoul après avoir bu deux bouteilles de champagne et une bouteille de vin avant d'avaler quoi que ce soit de solide.

- Waitress, je me demandais pourquoi je suis pas amoureux de toi, cette semaine.
- Je sais pas. Moi non plus, j'arrive pas à tomber amoureuse de toi. Pourtant on est bien ensemble.
- Oui.

On s'est serré fort dans nos bras. On s'est embrassé un peu. Éclat de rire avant de rejoindre les autres. On se sent stupide.

Al Bee. C'est plein de tendresse que j'ai pour lui. On ne se demande jamais rien. On passe le temps côte à côte. Pour se libérer des souffrances avant qu'elles ne nous étouffent, pour apprendre à regarder la lune, la nuit, et la trouver seulement belle dans sa rondeur.

dimanche 25 novembre 2007

Le manteau blanc

Hiver. Dehors, la neige recouvre désormais la ville de Québec. Pas de goût de soleil, ni de terrasse. Comme si la Waitress souhaitait la bienvenue à la nouvelle saison. Que le froid qui engourdit ses doigts et ses orteilles la tire de la torpeur qui la tient depuis quelques semaines. Que le blanc va bien à la Vieille Capitale, comme à son coeur.

Une envie de marcher, de sentir l'air frais dans mes poumons. D'observer le nouveau décor.

Dans mon quartier, les voisins commencent à installer les lumières de Noël aux fenêtres. Le soir, les couleurs clignotent et se reflètent sur la glace des trottoirs. Petite angoisse.

Cette année, mes parents ne seront pas au pays pour Noël. Ma petite soeur les accompagnera. Frérot ira dans la famille de sa copine. Et la Waitress ? Elle ne sait pas. Pas d'amoureux à accompagner dans une famille étrangère. Les deux restaurants pour lesquels je bosse seront fermés, pas la possibilité d'aller y tromper le temps.

La volonté d'inviter des amis à souper et fêter chez moi. Avec un vrai sapin, du champagne et quelques cadeaux. La Française se rend quelques part au Lac St-Jean, Al Bee qui a prévu être chez d'autres amis, le Jeune Homme qui donne peu de nouvelles depuis l'été, Mâle Alpha qui préfère se tenir loin de moi pour protéger son coeur. Les autres qui verront Papa, Maman et les Matantes. Et si je me retrouve seule ?

Impression de solitude. Avec la peur de la confronter. Je regarde la neige tomber sur la ville en maudissant cet esprit des Fêtes qui me gagne pour la première fois depuis des années.

jeudi 22 novembre 2007

De l'art du courtisage

Un jour, Dieu créa le monde, puis les êtres humains. Comme la beauté, la classe et le respect furent distribués au hasard.

*

Il est 11h00. J'allume le néon "ouvert" dans la porte du restaurant. Deux hommes d'une cinquantaine d'années entrent et s'assoient au bar. Visages burinés, larges mains aux ongles noirs et vestes à carreaux. Sans doute des travailleurs manuels.

Deux cafés. Je fais couler un silex, apporte les tasses. Au bout de quelques minutes, je reviens avec la cafetière, propose un réchaud.

- Si tu veux me réchauffer, tu peux t'asseoir sur mes genoux.

Waitress se contente de soulever le sourcil droit et vire de bord.

- Heil Menou ! Tu veux me faire payer maintenant, Menou ?

Mouais. Menou t'amène la facture, tu vas crisser ton camp plus vite.

*
Dans ma section, un client régulier. Il passe environs deux midis par semaine avec moi. Un homme en complet, fin quarantaine, bon sens de l'humour. Sauf lorsqu'il boit. Ce qui est le cas aujourd'hui. Il en est à son septième verre de vin lorsque je lui apporte l'addition. Une maladresse de ma part et je fais tomber un panier de crèmettes à café. Je me penche, ramasse le tout en m'excusant.
- Ça mérite une fessée ça, ma belle.
Je me relève et le regarde d'un oeil mauvais. Patron qui entend tout.
- Attention, je donne droit à mes serveuses de frapper les clients non-respectueux.
- Ça me plaît, ça me plaît, la fessée mutuelle.
*
Au bar, un autre régulier. Il a appris que je suis célibataire. Chaque fois que je me retrouve derrière le comptoir pour couler une bière en fût ou un allongé, il me crie son numéro de téléphone. 555-5052. Lâche pas, mon homme.
*
À la 18, deux hommes lunchent ensemble. Professeurs à l'université Laval en science politique. Après deux pintes de bière et trois verres de vin chacun, ils passent au Calvados. Monsieur au foulard rouge ne peut s'empêcher de me flatter le bras lorsque je vais à leur table. Et même si je me tasse, il recommence. Me pose des questions sur mes études. Je raconte que j'ai dû mettre fin à mon Bac après une pénurie d'argent, que j'aimerais peut-être retourner sur les bancs d'école.
- Ça te prend un sugar dady, quelqu'un comme moi.
Humm. Pas certaine.
À la machine Intérac pour son paiement, il me prend par les hanches, me colle ses lèvres sur la joues et me serre contre son corps. Beurk.
*
Un dîné payant pour la Waitress, oui. Mais deux heures un peu moches, quand même. Heureusement, il existe sans doute des gens timides parmi mes clients...

lundi 19 novembre 2007

Des joies de l'hiver

Vendredi, après le boulot, direction Thetford. Terminé une grosse semaine au resto. Atteinte de façon profonde de la gastro, avec des doubles qui ne finissaient pas et beaucoup de clients avec ça, Waitress est crevée. Achète deux Red Bull au dep, en ouvre un avant de mettre le contact et je fonce vers les ponts. J'ai eu une invitation à me joindre à un souper, avec les filles que je fréquentais au secondaire. Je ne les ai pas vu depuis quatre ou cinq ans.

Nerveuse de les retrouver. Je sais qu'elles ont continué à se fréquenter, alors que moi, la vie m'a conduite ailleurs. Qu'est-ce que j'aurai à leurs raconter ? Est-ce que je serai exclue des conversations, ou bien ce sera comme auparavant ?

Il n'est que 16h00, peu de trafic encore. Ginette, ma Sunfire blanche, passe par-dessus le fleuve en un rien de temps. Je devrais être au domicile familial d'ici 1h00. Moran dans les oreilles, une clope au bec avec une gorgée de jus énergisant. Je quitte l'autoroute, prends une route agricole.

Surprise, je constate qu'il y a un peu de neige dans les champs. De petits flocons tombent doucement, recouvrent les arbres dégarnis. Paysage bien joli qui me donne un avant-goût de Noël. Waitress au coeur léger, du vent et de l'hiver.

J'arrive à St-Gilles. La neige commence à s'accumuler sur la route, il fait noir. En certains endroits, ma voiture glisse sur l'asphalte. Waitress un peu plus nerveuse. Je baisse le volume, cesse de chanter. De grosses rafales de vent, pleine de merde blanche viennent me cacher le chemin lorsque je passe devant les champs.

Plus j'avance, plus c'est difficile. La vitesse diminue, je suis à 80 kilomètre heure. Personne ne me dépasse, six voitures restent sagement derrière moi. Merde. Merde, merde, MERDE.

J'ai acheté ma voiture en janvier dernier. Tout au long de cet hiver, dès qu'il neigeait, je choisissais l'autobus. Ou le taxi. Hors de question de m'aventurer avec mon auto. Sauf que là, je me retrouve prise dans une tempête de neige, au milieu de nul part. Et si je virais de bord ? Non, stupide, il me faudrait refaire tout le chemin, pour arriver en plein embouteillage à Québec. Waitress continue.

À 50 kilomètre heure. Toujours personne qui me double. Seule dans ma voiture, en panique. Les courbes sont ardues, je dérape partout, malgré des pneus d'hiver presque neufs. Je croise sans cesse des voitures à cheval sur la ligne jaune, qui refusent de se tasser pour me donner une chance, qui aspergent mon pare-brise de gadoue. En actionnant les essuies-glace, je me souviens qu'il est temps que je les change. Ils ne fonctionnent plus très bien. Déjà que le vent me rendait la visibilité très réduite, j'arrive seulement à voir la route entre deux traces de slush brune. Bravo.

Pourquoi je n'écoute pas les bulletins météorologiques, comme tout le monde ?

Et elles sont où, les foutues grattes qui devraient m'ouvrir le chemin en laissant des traces de garnotte ?

Dès que je touche la pédale de frein, la voiture dérape. Dès que je touche l'accélérateur pour monter les côtes, je dérape. Waitress qui chiale, les jointures blanches sur le volant, le corps crispé.

Deux heures. Il m'a fallu deux heures pour gagner la maison de mes parents. J'ai les bras, les épaules et les trapèzes endoloris. J'ouvre la porte. La première chose que je demande, c'est une bière ou un verre de vin. Quelque chose pour m'aider à décanter.

C'est mieux d'être plaisant, le souper de filles. Si j'ai risqué ma vie, c'est pas pour me faire chier une soirée de temps. Certain.

mercredi 14 novembre 2007

Semaine catastrophe

Dimanche matin, Waitress au resto. Je pousse la porte, brûlante de fièvre, maux de ventre et hauts le coeur en prime. J'accroche mon manteau et mon sac au vestiaire du sous-sol, remonte l'escalier. Vertige. Derrière le bar, je me prends un verre d'eau et deux Advils. Extra fort. Collègue regarde le pot de pilules et, l'air découragé, me demande si je suis sortie la veille. Pas vraiment. Malade comme un chien. Et je suis quand même présente au travail. Je m'attends à de beaux bravos, des clients hystériques devant mon courage et ma ténacité, une grande banderole avec "Go, Waitress, go" qui bat au vent de la climatisation. Pas à un collègue soupçonneux.

Quinze minutes avant le début officiel de ma journée, je suis dans le jus. Trois nouvelles tables dans ma section, sans compter le rush de 10h00 qui arrive. Suivit de celui de midi. Waitress pas forte vérifie la posologie des Advils. Deux aux quatre heures. Zut. Faut encore attendre un peu. Je me lance.

Sourires pâles, mains qui tremblent et sueurs infernales. Cernes profonds, visage blanc. Mes clients n'ont pas pitié de moi. Au contraire, ils se montrent encore plus exigeant qu'à l'ordinaire. Sans oublier le fameux cuisinier du week-end qui ne m'aime pas beaucoup. Ses assiettes sont à chier, je les retourne. N'aide pas à ma popularité.

Après 137 clients, j'ai droit à une pause d'une heure avant de reprendre pour la soirée. Repos mérité. Waitress regagne sa Basse-Ville, son sofa, et sa couverture de laine.

*
Retour au boulot. État: Beurk. Réservation : Aucune. Bonne nouvelle. Je pourrai fermer le resto assez tôt et retourner dormir. Dormir...
Arrive le premier couple de la soirée. Vingt minutes avant l'ouverture. Il y a pourtant une pancarte dans la porte avec un gros "De retour à 17h00". Ils sont vieux, peut-être aussi aveugles et analphabètes.
- C'est ouvert, Mademoiselle ?
- Oui, dans vingt minutes.
- Parfait, on va s'asseoir à la table près de la fenêtre.
- !!!!!!
Mise en place à peine entamée, je n'ai pas encore les informations du menu de la table d'hôte en vigueur. Le couple s'installe et me regarde me démener pour compléter un quart d'heure de travail en deux minutes. Mme Colorée, une habituée, fait son entrée. Moins dix. Bordel.
- Un café.
- J'vous fait couler un silex, vous donne ça dans un instant.
Regard mauvais. Elle me trouve incompétente; elle est là et le café n'est pas prêt. Câlis.
Un couple de nains passe la porte. Vestes de cuire, pantalons trop courts, la femme arbore une très chouette permanente. Et un bec de lièvre. Assez prononcé pour l'empêcher de bien articuler ses mots. Je lui fais répéter tout ce qu'elle me dit. Waitress mal à l'aise qui se concentre fixer les yeux. Non. Pas la bouche, les yeux. Remonte, remonte, Waitress. C'est ça. Les yeux.
Tandis que je leur explique le menu, une famille de quatre personnes arrivent. Décide d'aller s'asseoir eux-même. Leur fais signe de la tête que je les ai vu. Un homme et un garçon font de même. Suivit d'une femme seule. Merde, merde, merde. Bec-de-lièvre me demande pour la troisième fois le choix des entrées. Comme je lui réponds, une main sur mon épaule. C'est la mère de famille.
- Mademoiselle, est-ce que c'est vous qui allez nous servir ?
- Oui, je suis à vous dans deux secondes.
- C'est qu'on a faim, nous.
- !!!!!!!!
*
À 20h00, le cuisinier décide de partir. Terminé, plus de nouvelle table. Parfait. Il ne reste plus qu'un groupe d'étudiant qui prennent les dernières bouchées de leurs desserts et un jeune homme, seul, avec son portable et une tasse de thé. Nos regards se croisent souvent, petits sourires. Tandis que j'effectue le paiement de son repas avec sa carte de crédit, il se lève et me rejoint. Il me raconte qu'il vient d'emménager dans le coin, qu'il vient de Sorel. Je lui pose des questions sur son travail, ce qui l'a emmené à venir s'établir ici. Sourire charmant, joli visage. Gentil. Il me demande mon horaire, dit qu'il reviendra. Dommage que la Waitress soit malade. Elle aurait saisit l'occasion pour cruser un peu.
*
Seule dans le bistro, j'effectue la fermeture. Je monte les chaises sur les tables, vide le lave-vaisselle. Patron arrive, en criant. Ça fait trois heures qu'il tente de me rejoindre au téléphone. Mais la ligne n'a pas été raccrochée. Il m'engueule, déverse sa colère sur moi, me postillonne au visage. Les yeux pleins d'eau, je m'excuse. Rien d'autre à ajouter. Il vérifie les messages sur la boîte vocale, puis fait son enquête. Pour s'apercevoir que c'est le cuisinier qui a oublié de fermer le téléphone. Me demande pardon. Je ne réponds rien.
En prenant ma voiture, je réfléchie. Je suis malade. Me présente quand même à mon poste puisque personne n'est disponible pour me remplacer. Une journée à chier. Patron qui vide sa colère sur moi, comme tout le temps. J'aime pas ça. Mais pas du tout.
Le pire ? C'est que lundi, j'étais présente lorsque Patron a parlé de l'histoire du téléphone au cuisinier. Il en a fait une blague. Pas fâché du tout. Lui a même dit que ce n'était pas grave. Pourquoi moi je me suis fais engueuler, alors ?
Waitress a comme une envie de vacances.
N.B. La Waitress est désolée de venir pondre un texte de chialage. Mais faut que ça sorte, des fois !

lundi 12 novembre 2007

Pas facile

La Waitress est malade. Beurk. Assommée. Gardant mes énergie pour faire des sourires pâlots aux clients du resto (en souhaitant secrètement de les contaminés tous !), je vous reviens dès que possible avec mes nouvelles aventures. Parce qu'il s'en est passé, des histoires...

Sur ce, je me prépare une soupe aux tomates.

vendredi 9 novembre 2007

Friday night fever

Depuis que je travaille au bistro, il existe la tradition du vendredi. Le seul soir (ou presque...) où je me permets de me péter la face sans remord, sans appréhension par rapport au lendemain.

Vendredi dernier, j'ai eu du plaisir. Comme tout le temps. Même si en cours de conversation avec Copine, je me suis sentie un peu moche. Pourquoi ? Simplement parce que j'ai réalisé que je profitais mal de mon célibat. Depuis la dernière année et demie, peu d'homme se sont retrouvés dans mon lit. Comme je me suis ramassée dans celui de bien peu de garçons. Toutes histoires ayant été racontée ici, je me considère comme une petite fille sage. Cinq hommes. En 18 mois. Dire que certaines rumeurs de la blogosphère me décrivaient comme une femme facile au début de l'été ! Copine, au physique qui ne répond pas nécessairement aux critères de beautés actuels, me bat largement. Après trois mois de vie seule. Faut croire que j'ai trop de principes...

La Waitress se dirige vers le bar, comme à chaque vendredi depuis quelques semaines. Le coeur léger. Plein d'ivresse. J'y rejoindrai mes amis. Mes connaissances. Ces gens pour qui je m'inquiète. Ces personnes que j'aime. Qui font en sorte que l'existence est belle.

Les pupilles dilatées je les rejoindrai d'ici quinze minutes. Et qui sait. Le bar m'offrira peut-être une nouvelles histoire pour demain...

jeudi 8 novembre 2007

Un mardi bien calme

Mardi soir, Waitress au travail. Les heures passent tranquillement avec les quelques clients qui se pointent. Un juge et une avocate qui se saoulent au vin, deux amies qui placottent devant un bon repas. Deux femmes seules, l'une avec un roman et l'autre qui feuillette un livre sur Barcelone. Sans doute sa prochaine destination vacances. Chanceuse.

20h30. Je me prépare à fermer l'endroit. Tandis que je vide le lave-vaisselle, un homme entre. Me demande si quelqu'un l'attend.

- Non, vous êtes le premier.

Il s'assoit au bar, commande une pinte de blonde. Je discute un peu avec lui, c'est un client régulier. Patron nous rejoint. Tandis qu'il se verse un verre de vin, il m'offre une bière. Que j'accepte.

Le juge et l'avocate, bien ronds, quittent le restaurant en prenant leurs voitures respectives. Les quatre autres femmes en font autant. L'invité du client régulier tarde à arriver. Merde. Moi qui souhaitais terminer tôt, c'est sans doute foutu. Je lui sers une autre bière. Attente.

M. Frisé finit par débarquer. Commande à boire. Ne veut pas manger. Je fais donc préparer le plat du client #1.

Un couple entre. Des amis de Patron. Tournée de scotch. Puis un autre client régulier, M. Bougon. Un quinquagénaire qui chiale sur tout, tout le temps. Mais qui reste gentil avec moi. Heureusement. Suivit des trois serveurs du restaurant d'à côté. Décidément, je ne suis pas partie.

M. Frisé vient manger au restaurant six à huit fois par semaine. Parfois en compagnie d'un jeune homme bien charmant. Un chanteur du Bas-du-Fleuve. Qui connaît du succès surtout en France. Qui tourne un film en ce moment, quelque part sur l'Îles-d'Orléan. Waitress ne reste pas insensible aux sourires du Chanteur de Pomme. Et le Patron, un peu cocktail, en parle avec M. Frisé.

- T'es célibataire, Waitress ?
- Voui.
- Ben, il te trouve cute aussi. Faudrait arranger de quoi. J'vais m'arranger pour que tu sois en congé le 16 prochain, il joue à Québec, tu viendras.

Waitress rouge tomate s'enfuie. J'ai quelque chose à faire en cuisine. Merde. Merde. Merde.

Tout le monde qui boit. Beaucoup. Je ne cesse de remplir les verres. Le couple d'amis quitte le bistro, ils sont trop saouls. L'heure est au sommeil pour eux.

Patron et M. Frisé m'invitent à m'asseoir à leur table. Je me prends un autre verre. On jase, on boit, on fume des clopes en écoutant de la musique. Finalement, tout le monde me règle à 1h00. Grosses factures, pourboires généreux.

Seule avec Patron, je poursuis la fermeture. Une fois que tout est terminé, il me tend un autre verre de bière. Le cinquième. Merde. J'ai ma voiture. Et c'est moi qui ferai l'ouverture le lendemain. Mais j'accepte. On s'assoit côte à côté au bar. Patron en état très avancé. Me fait du charme. Finit par me dire qu'il m'adore. Il est temps que Waitress reparte chez elle. Après l'avoir incité à la prudence sur le retour à la maison, je referme la porte derrière moi.

*
Lendemain légèrement pénible. Je me sens fatiguée. J'ai atterri dans mon lit à 2h30 du matin. En voyant la tête du Patron, j'ai l'impression d'être en pleine forme. Il sent encore l'alcool. Et m'apprend qu'il a dormi sur une banquette du restaurant. Que sa femme est bien fâchée. Qu'elle croit qu'il l'a trompée. Waitress fait le reste des déductions. Avec moi. MOI. Merde. Merde. Merde.

mardi 6 novembre 2007

Toutes les souffrances du monde

Comme si tout mon entourage ne va pas bien. Les membres de la famille qui se tournent vers moi pour avoir des conseils. Chacun avec leurs angoisses et cette promesse au silence qui suit les confidences.

Au travail, il y a une collègue qui est entrée à l'hôpital. Sur la morphine depuis quelques jours. Les médecins qui savent pas ce qu'elle a, qui croient que ce sont les intestins qui sont touchés. 22 ans. Et on ne sait quand nous la reverrons.

Le patron qui, après quelques verres, me parle de problèmes financiers, de faillite potentiel. Je ne suis que la nouvelle qui s'intègre difficilement dans la clique.

Et cet ami qui sombre. Depuis longtemps, mais qui a atteint sa limite. L'amertume le gagne, la résignation aussi. Il parle de deuil, de lâcher-prise sans arriver à le faire. Un ami fatigué. Qui a toujours eu le coeur sur la main, qui a toujours été là pour aider et aimer les autres et qui se sent seul aujourd'hui.

Une copine qui m'inquiète. Qui se fait mal au corps pour fuir je ne sais quelle souffrance du coeur. Plutôt que de parler, elle se découpe les bras. Et si elle va plus loin ?

Ces autres connaissances qui échappent des phrases qui laissent entrevoir de grandes douleurs, comme des perches pour que quelqu'un puisse répondre avec des mots rassurants. Ces gens que je ne connais pas, mais qui me regardent avec une pointe d'espoir. Si seulement la Waitress pouvait faire quelque chose...

Et la Waitress si faible, démunie devant les maux des autres. Avec mes soucis propres, qui occupent la plupart de mes pensées. Je ne me sens pas la force de rassurer ces gens que j'aime, pas maintenant. En ne faisant rien par contre que leur arrivera-t-il ?

À la fin, est-ce qu'une personne me prendra aussi sous son aille ?

jeudi 1 novembre 2007

Des mauvaises surprises

Suite à la tombée des premiers flocons de neige en début de semaine, Waitress a décidé qu'il était temps de poser ses pneus d'hiver. J'ai beau faire semblant qu'il fait toujours beau, la réalité me rattrape tranquillement. J'ai froid avec mon petit veston en velours que j'ai porté lors des fraîches soirées d'été. J'ai beau mettre des bas dans mes petits souliers ballerines, il me faut au moins quinze minutes pour que les orteilles me dégèlent lorsque j'entre quelque part.

N'écoutant que mon courage, je me suis lancée dans le trafic de fin de journée pour gagner le domicile familial, où sont entreposés mes pneus. Je déteste le trafic. Me rend nerveuse. Outre que le temps m'a semblée sans fin sur Charest, tout s'est bien déroulé.

Je suis même arrivée assez tôt à Thetford pour me rendre au garage et faire installer le tout. Assez tôt pour souper avec ma mère qui s'ennuie à mourir. Que je regarde avec tristesse. Après avoir jasé de choses et d'autres, je m'inquiète pour elle. J'en ai mal dormi la nuit dernière, à chercher une solution à ses soucis. N'ai rien trouvé. Merde.

Waitress s'est levée tôt pour reprendre la route vers Québec. Bien avant que le soleil daigne montrer son premier rayon.


Arrivée à l'appartement, une mauvaise surprise. Un des chatons étalé sur le plancher de la cuisine. Bouche et yeux grands ouverts. Raide. Figé.

Panique. Que s'est-t-il passé lors de mon absence ?

Waitress se sent coupable. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal pour que cela se produise ? Est-ce un autre chat qui l'a tué ? Était-il malade déjà ? Comment ça se fait que je ne me suis aperçue de rien ?

J'ai comme un chat dans la gorge.