jeudi 22 février 2007

Waitress en tôle !

Samedi matin, 5h30. Contrairement aux gens de mon âge, je ne suis pas en train de manger une poutine après avoir passé une nuit torride à danser et à boire en flirtant. Non.


Vêtue de ma jolie cravate rouge qui me donne un look hôtesse de l'air, j'en suis déjà au deuxième café. Remarquez, avec les cernes sous mes yeux, le minimum vital est loin d'être atteint. Ma dernière journée de travail s'est achevée 3h30 plus tôt. Pendant lesquelles j'ai eu à me déplacer, faire du lavage, dormir et manger. Le temps accordé au sommeil est proportionnellement inverse à la taille de mes poches.
Arrive la collègue de travail, celle avec qui je ferai équipe toute la journée. Horreur, j'ai le teint resplendissant à côté d'elle. Atteinte de façon profonde par la grippe, Élisan se traîne jusqu'à la chaise la plus proche, prête à éclater en sanglots. Je reste calme. Très, très calme. L'hôtel affiche complet avec ses 406 chambres. Les deux restaurants de l'endroit sont déjà réservés. Que choisiront nos clients ? Le service aux chambres, bien sûr ! Et à quel département travaille Waitress ?
Putain, un autre café !
Ah puis encore un !
Tout a bien été. La matinée s'achève, ne reste plus que quelques déjeuners à livrer et je pourrai dormir. En route pour le 14ème étage. Ta clat ta plak pouf (bruit de métal qui force de travers). L'ascenseur s'arrête et le numéro onze clignote devant mes yeux. Une panne. Rien à faire, je pèse sur tous les boutons, je force la porte de l'ascenseur en espérant me glisser à l'extérieur. Impossible. Je suis coincée entre deux étages.
Je saute sur le téléphone pour informer ma collègue de mon état :
- Élisan, je suis prise dans l'ascenseur.
- ...
- Appel la sécurité et les clients, les livraisons vont être en retard.
- ...
- Pleures pas Élisan ! C'est moi qui est dans un ascenseur en panne !
Quelques instants plus tard, une voix d'homme se fait entendre. C'est la sécurité qui vient me voir.
- Es-tu claustrophobe ? Paniques pas !
- Non, non, ça va.
- As-tu quelques chose à boire avec toi ?
- ... (Câl.... de saint-ci..... arghhh !!!!)
- Waitress ?
- Heil ! J'ai pas prévu être ici assez longtemps pour ça !
Seconde visite, je reconnais les talons hauts de ma patronne. Ke-tlock-ke-tlcok.
- Waitress ? Le client a cancellé sa commande, tu peux manger son déjeuner.
Wow. Beau prix de consolation. Reste qu'il ne m'en faut pas plus pour attaquer les oeufs bénédictines de Monsieur White.
Le temps passe. Mon système digestif en a finit du galon de café ingurgité au cours des dernières heures. Malheureusement, ma cage de fer ne comprend pas de cabinet. C'est probablement ce qui a été le plus pénible de mon incarcération.
En fait, non. À ma sortie de prison, environs 40 minutes plus tard, j'ai repris du service, bien inquiète en pressant le bouton de l'ascenseur. Une fois dans la chambre de ma cliente, celle-ci a eu le don de m'insulter.
- Je suis désolée du retard, Madame, nous vous offrons votre commande.
- Le retard, le retard c'est une chose. Mais la fille au téléphone m'a dit que quelqu'un était pris dans un ascenseur. Franchement! Elle aurait pu me dire la vérité, au lieu de me compter un mensonge gros comme le bras !
Madame ne m'a jamais cru. Dans son monde, la technologie est avancée; internet fonctionne sans fil et les ascenseurs ne tombent plus en panne depuis belle lurette.

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