mercredi 30 mai 2007

De ces journées agréables...

Ma voiture roule sur l'autoroute qui longe le fleuve. Lunettes de soleil. Cigarette à la main. Ma chanson préférée. J'hurle que J'aime les festins / Et les gens nus. La vue est large, des montagnes se dessinent au loin, l'Île-d'Orléan tient sur l'eau, quelques nuages cotonneux jouent avec la lumière du soleil. Tout est vert tendre et bleu.


Je prends la sortie qui mène à l'île. Le pont monte doucement au-dessus du fleuve. La force du vent fait tanguer ma voiture. On voit le fleuve à la jonction du trottoir et de la chaussée. Petit vertige à 70 km/h.


Au quatre chemins, je tourne à droite, la nervosité s'accentue. En moins d'une minute, je suis au restaurant. Une vieille maison, tricentenaire. Galerie, lucarnes. Coquet. La porte est barrée, je tente de voir par où passer. Me retrouve face au fleuve, au bout d'un immense terrain bordé d'arbres. J'aperçois alors un homme. Vais vers lui, me présente.


- Oui, on t'attendait. Viens, on va aller voir la Patronne.


Il me fait entrer dans le restaurant. Waitress retient sa respiration. Plancher de bois franc, poutres au plafond, vieilles tables de bois. Un vieux piano. Au fond, la baie vitrée donne sur les chutes, le pont et les montagnes. Je me sens attirée par ce paysage, mes yeux ne peuvent s'en détournés. Je m'approche des fenêtres. Les planches craquent sous mes pieds, j'adore ce bruit. Je me sens chez moi ici, en paix. Un lieu qui a de l'âme, remplit d'histoires. Sans doute heureuses. Je suis trop bien, rien de mal n'a pu entrer ici.


Patronne se pointe, avec un filet sur les cheveux et un tablier. Elle m'invite à passer dans une autre salle, aussi jolie que la précédente. On jase, on rit. Belle entrevue. Complètement charmée par les lieux, elle me fait tout visiter. À la cuisine, je rencontre une ancienne collègue de travail, bonjour, becs sur les joues, comment ça va. Elle dit qu'elle aimerait bien que je fasse partie de l'équipe. Un point pour Waitress.


Une heure et demi plus tard, je quitte l'endroit. Je repasserai dans deux jours. Mise à l'essai. J'ai hâte. Je veux travailler à cet endroit. Je choisie ce restaurant.


Je reviens vers Québec, sous le soleil. La ville monte la garde sur le fleuve. Je pousse de cris de joie. Je sourie. La vie est belle. Ma vie est parfaite.

samedi 26 mai 2007

Douce nuit

Nous devions nous voir mercredi dernier, afin de se concocter un souper. Dans la nuit précédente, je me retrouve sur MSN à discuter avec lui. À 2h00 du matin, c'est décidé, Charmant Garçon se pointe chez moi. Vingt minutes devant moi pour essayer de me faire belle, pour ranger grossièrement mon appartement. Vingt longues minutes où je tourne en rond dans ma cuisine en me demandant quoi penser. Est-ce qu'il vient ici pour coucher avec moi seulement ? Est-ce qu'il peut juste avoir envie de me voir ?

Je me dirige à toute vitesse chez Jeune Homme, dont le frigo déborde d'alcool. J'en ai besoin pour me donner un semblant de contenance. Pour calmer ma nervosité. Pour que la voix se taise dans ma tête. Un six pac de bières mélangées dans les mains, je retourne chez moi. J'entre, enlève mon manteau. On cogne à la porte. Il est là, avec son beau sourire.

Au salon, la lumière est tamisée, chaleureuse. Une lampe projecte une teinte orangée sur les murs lime et fushia. Tout est doux pour les yeux. Assis face à face, nous discutons, calés dans le velours doré. Tout est doux pour le corps. Il m'offre son sourire et ses yeux brillants. Toute la douceur du monde émane de lui, j'ai envie de l'embrasser. De me coller sur lui, sentir ses bras qui m'entourent.

Alors que je l'empêche de fouiller dans mes vieux disques compactes, il m'attire à lui. Sa main retire une mèche de cheveux de mon visage, nos lèvres se rejoignent. Je suis sur lui, contre lui. Puis je m'éloigne, j'impose une distance entre nous. Timidité est là, ne me quitte pas.

À l'est, le ciel tire au bleu. Je l'invite à dormir avec moi. Il retire mes vêtement un à un, sans se presser. Ses lèvres glissent de ma bouche à mon cou, se déposent sur mes seins. Il me presse contre lui, mes mains font tomber ses vêtements. Sa peau contre la mienne, son odeur qui m'enveloppe, ses yeux qui ne quittent pas mes yeux. Il me tient là, le corps frémissant au bout de ses caresses. Lenteur. Charmant Garçon m'a fait l'amour. Longtemps, comme si le temps n'avançait plus. Le soleil éclairait la chambre lorsque j'ai eu un orgasme.

Je me suis endormie entre ses bras, souriante. Il me restait encore plein d'heures devant moi, à passer en sa compagnie.

jeudi 24 mai 2007

Bande annonce

À venir sur le blog de Waitress la femme insatiable:

1) Le récit de ses 36 derières heures passées avec Charmant Garçon (18 ans et plus)
2) L'incroyable aventure de ma première soirée de waitres dans un nouveau restaurant
3) Quelques phrases épouvantables entendues ça et là dans la ville

En attendant, je m'en vais célébrer mon bonheur éclatant au Scan.

Bonne soirée à tous et on n'oublie pas les bobettes !

mardi 22 mai 2007

Charmant Garçon, résumé de quelques jours

Comme vous voulez, je vous raconte à propos de Charmant Garçon­ Toutefois, je vous avoue que je suis déçue de constater qu'outre Jiji, personne ne manifeste d'intérêt face à ma vie professionnelle...

Jeudi, Waitress termine sa soirée à l'hôtel. Il est minuit trente, je me suis apportée des vêtements jolis et légèrement sexy dans le but de passer par le bar. Je retouche mon maquillage, ma coiffure et je marche vers la Basse-Ville. Petits papillons dans le ventre. Est-ce qu'il me trouvera stupide si je retourne le voir tout de suite ? Est-ce que j'aurai l'air trop intéressée ? Devant moi, la terrasse, où quelques personnes fument une cigarette. Il n'est pas dehors. J'ouvre la porte, la musique me monte aux oreilles. Hésitation. La porte se referme. Waitress marche vite, vite, vite jusque chez elle.

Froussarde. C'est tout ce que je me répète sur le chemin. Je suis déçue. J'aurais aimé le voir. Tant pis. Je vais me coucher.

O
Vendredi, 19h00. Il me reste 8h30 devant moi avant que mon cadran-singe-hystérique-qui-hurle-dans-la-jungle me dise qu'il faut aller travailler. J'ai les yeux grands ouverts, je n'ai pas sommeil. Je lis un peu, rien à faire, je sourie en pensant à Charmant Garçon. Est-ce qu'il pourrait être au bar ? Je me convaincs que deux verres d'alcool m'aideront sans doute à m'endormir. Je me fais belle. Me dirige vers le quartier St-Rock.
Il n'est pas là. Tant pis, j'ai soif. Je m'assoie au bar, à droite d'un hippie. Poncho, cheveux blonds en queue de cheval, petites lunettes à monture métallique rondes. Il sent la gomme de sapin. Bref, un hippie. Gin tonic. Une fois. Deux fois. Une connaissance s'assoie à ma droite. Gin tonic trois fois. Je termine mon verre et je file. À l'autre bout du comptoir, j'aperçois un ami que je n'ai pas vu depuis plusieurs mois. Me lève et vais lui parler.
Smouck, smouck, becs sur les joues, grosse colle, je suis contente de te voir. Il me raconte qu'il est en amour, qu'il habite la Rive-Sud avec sa nouvelle copine, que tout va bien pour lui. Lorsque je discute avec quelqu'un, je regarde toujours ses yeux. Sans raison, mes yeux se retrouvent à 45 degrés. Il est là. Charmant Garçon a les yeux plantés dans les miens, un sourire aux lèvres. J'essaie de ne pas lui répondre, mais ma bouche ignore ma volonté. Deux secondes passent. Je reviens à mon ami, qui poursuit son histoire. Je n'entends plus rien. Tout ce que je sais, c'est que Charmant Garçon s'est dirigé vers moi, qu'il attend un peu en retrait et que je veux lui parler. Aurevoir vieil ami, à la prochaine.
Charmant Garçon se penche pour m'embrasser sur la joue. Je n'ai pas terminé mon mouvement qui me permettrait de me placer bien face à lui. Il interprète ça comme un refus.
- Ah pardon, tu veux pas.
- Quoi ? Ben oui, je veux, en lui tendant la joue.
- Je peux prendre un verre avec toi ?
- Oui, oui, mes affaires sont là bas.
On décide d'aller sur la terrasse. Il fait froid, je m'en fou. On discute, les yeux dans les yeux, en souriant toujours. On fume des clops ensemble. Je me sens bien. Nos verres sont à secs, il sait que je me lève bientôt pour le travail. Le barman arrive et me demande si je veux autre chose en me donnant des coups de coudes.
- Je sais pas trop, je ne m'endors pas, mais ce serait pas sage.
Je vais voir mon ami WC en y pensant. Retour à l'extérieur, Barman dépose une bouteille de bière devant Charmant Garçon.
- Ben, j'peux-tu t'accompagner pour un dernier verre ?
- Bien sûr.
- Gin tonic.
On boit lentement. Mais nous touchons quand même le fond des verres. Je rassemble mes effets personnels en annonçant mon départ. Il se lève avec moi, nous allons dans des directions opposées.
- J'ai été vraiment nono hier matin.
- Comment ça ?
- Je t'ai donné mon numéro de téléphone, mais j'ai pas pris le tient. Est-ce que tu veux me le donner ?
- As-tu du papier et un crayon ?
Je n'ai pas terminé ma phrase que j'ai un stylo dans les mains.
- Je ne t'aurais pas téléphoné. J'fais pas partie du clan des appleuses.
- Moi non plus. Donnes-moi ton e-mail aussi, si tu veux.
Smouck, smouck, becs sur les joues, un peu trop près des lèvres et qui durent quelques secondes de trop. Aurevoir.
Je n'ai aucune idée du chemin que j'ai emprunté pour rentrer à la maison. Tout ce dont je me souviens, ce sont les papillons, le sourire et le bonheur.
Est-ce que je l'ajoute tout de suite à mon MSN ? Est-ce que j'aurais l'air trop intéressée ? Je le fais, en me souvenant de ma tendance à perdre les bouts de papiers qui traînent dans mes poches.
Je me mets au lit. Incapable de dormir. Je découvre comment les sourires heureux ne sont pas propices au sommeil.
O
Samedi, 4h00 du mat. Je lis mes blogs préférés et mes mails. Il m'a écrit. Pour me dire qu'il est content de m'avoir vu. Qu'il est passé au bar en souhaitant que je sois là. Je lui répond la même chose.
O
Samedi, 18h00. Je rentre chez moi. Je dois aller au party de Jeune Homme qui vient de me téléphoner pour dire que le souper est prêt et qu'on m'attend.
- J'arrive, j'arrive. Juste le temps de me préparer.
Je vais voir mes mails. Il m'a encore écrit. Qu'il serait au bar, au cinq à sept. Qu'est-ce que je fais ? Je suis fatiguée. J'ai besoin de Red Bull. Avec de l'alcool. À moins que j'aille boire une vodka-red bull au bar ? Je saisie le téléphone. Coloc de Jeune Homme répond.
- Désolée, attendez-moi pas pour souper, j'ai pas le temps, j'arrive un peu plus tard.
18h30. Vite, vite, le cinq à sept approche de la fin, faudrait pas le manquer. Je cours vers le bar, il est là. Avec un ami. Zut. Mais non, c'est pas grave, il m'invite avec eux. Son ami parle beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Encore plus que moi. Charmant Garçon me regarde. Je le regarde. On sourit. Aucune idée de ce que l'Autre dit, j'écoute à peine. Termine mon deuxième verre, je me sauve festoyer en courant.
O
Dimanche, 13h00. Je reviens chez moi, après une nuit de débauche totale en pleurant parce que je dois me préparer pour le travail. Première chose que je fais : Vérifier mes mails.
Un autre message. Où il me demande si je serais passé au bar s'il ne m'aurait pas dit qu'il y serait. Hésitation devant la réponce. La vérité ou pas ? Est-ce que je désire qu'il sache que j'avais envie de le voir, ou bien je mets le tout sur le compte du hasard ? Je décide d'être franche.
Demain, je vois Charmant Garçon. Seule. On s'organise un souper, chez moi. Je sais, je sais, il aurait fallu choisir un lieu neutre, mais j'y avais pensé et il l'a aussi proposé. J'ai besoin de vous.
D'abord, cette nuit, il faut que tout le monde accroche une paire de bobette propre à sa corde à linge. Et la nuit prochaine également. Ça me porte bonheur, et on serait en train de créer un nouveau mouvement de solidarité.
Ensuite, je me demande quoi mettre au menu. Il faut réfléchir au fait que je vais sûrement vouloir l'embrasser à la fin du repas. Ail, oignon et moules sont donc proscrites. J'aurai des fromages, un gros fruit pour désert (ananas, papaye ou autre, selon les prix au supermarché). J'ai pensé aux avocats farcis en accompagnement. Mais le reste ? Suggestions !!!!!!
Troisième point. Je m'habille comment ? Pantalon ? Jupe au tissu doux doux doux ? Décolleter ou pas ? En noir ou en couleur ? Cheveux remontés ou détachés ?
Tout ce que je veux, c'est une belle soirée. Peut-être un dodo collé ensuite. J'espère aussi avoir pleins de trucs à raconter. S'il fallait que je ne sache plus quoi dire après quelques heures ? Et si je rate le repas ?
S'il-vous-plaît, on n'oublie pas les bobettes sur la corde à linge !

lundi 21 mai 2007

Toujours vivante !

Je sais, je sais, je vous ai négligé depuis quelques jours, toutes mes excuses. Que voulez-vous, je deviens occupée comme pas possible côté professionnel, je tente de me garder des disponibilités pour un p'tit gars nommé Charmant Garçon et j'ai passé au travers du party d'anniversaire de Jeune Homme. Avec ces trois sujets, j'ai de quoi vous écrire... au moins cinq post si ce n'est pas plus. Je manque de temps, il me reste 30 minutes avant de partir au travail. Donc, je vous dirai tout, mais dans l'ordre que vous voulez.

Qu'aimeriez-vous savoir en premier:
A) Les développements avec Charmant Garçon
B) Ma vision du party de Jeune Homme
C) Ma bonne nouvelle au plan professionnel
D) Ce qui arrive maintenant avec Mâle Alpha


Votez en grand nombre !

jeudi 17 mai 2007

Petits papillons (petits, petits)

Constatant que je me mène une vie rangée quant aux garçons, une amie s'est mise en tête de me présenter un de ses copains en manque de sexe. Je comprends pourquoi elle y tient tant. Gars-en-Manque aimerait coucher avec Copine. Copine aimerait coucher avec Gars-en-manque. Mais elle est en couple. Donc, en m'insérant entre eux deux, elle croit qu'elle saura se retenir. Belle tactique. Et c'est ainsi qu'elle m'a donnée rendez-vous hier, au bar.

Dehors, il fait gris. Je m'habille en mois de mai, ce qui signifie pas chaudement. Je ne tarde pas de constater que mes souliers ballerines sont plus ou moins de circonstance. Je marche quand même vers le bar; impossible de reculer, sinon on pourrait me reprocher mon retard. "C'est l'été, c'est l'été", que je ne cesse de me répéter. Le pouvoir de la pensée est sans fin, je me sens envahit d'une douce chaleur qui m'aide à me rendre à destination sans claquer des dents. Les mains bleues, je pousse la porte.

17h59. Je m'installe au comptoir. Gin tonic. Que je sirote en me disant à quel point je me transforme en une personne fade; je deviens raisonnable et ponctuelle, une calamité. Je me tape une conversation ennuyeuse à propos du travail d'un quinquagénaire ennuyeux qui se tient à ma droite. Tout en louchant sur la porte, souhaitant voir apparaître Copine. Elle tarde, je dois discuter avec l'autre.

Arrive Monsieur Patate. Il demande si la place à ma gauche est libre.
- Si vous êtes riche, bien sûr.

J'ai pu analyser son portefeuille en le voyant s'asseoir deux bancs plus loin.

Copine se pointe avec trente minutes de retard. Seule. Smouck, smouck, becs sur les joues, grosses colles, elle me dit que Gars-en-Manque débarquera bientôt. Plutôt présente pour passer du temps avec elle, j'ai tout de même hâte de voir. Monsieur Patate parle avec moi, on se fait un petit speed dating; chacun notre tour, nous racontons les grandes lignes de notre existence en deux minutes, suivies d'une période de question de trente secondes. On rigole un peu, mais il s'est disqualifié avec son: "Monsieur Patate, trente-quatre ans, célibataire". Reste que j'ai du plaisir, il est drôle et sympathique. Il quitte le bar en me demandant un rendez-vous, que je ne lui accorde pas en passant par la bande: "On va sans doute se revoir ici, je viens souvent et toi aussi. Laissons le hasard travailler".

Arrive Gars-en-Manque. Waitress de constater qu'il a plus de trente ans (Non, mais ! Vous êtes vraiment beaucoup de cette génération à chercher amour et sexe dans les bars !) et même s'il parait bien, il perd toutes chances de finir dans mon lit. Timide, il me parle peu; il dépose son regard dans le décolleté de Copine afin de se donner contenance.

Après son départ, Copine fait son enquête:
- Pis, comment tu le trouves ?
- Ben... j'sais pas, il ne me disait rien, il était trop occupé à te manger des yeux.
- Pour vrai ? Tu crois que je l'intéresse ?
- C'est assez évident.
- Mais il t'a trouvé de son goût.
- J'crois pas, il ne me regardait même pas.
- Il arrêtait pas de loucher vers toi.
- Pour vrai ? On appelle ça être subtil.
- C'est toi qui te virais de bord pour radoter avec les autres.
- Ah.

Je sors fumer une cigarette. Je bavarde avec les gens qui entretiennent leur cancer autour de moi. Dont un charmant garçon.

- T'es venue visité mon appartement, toi ?
- Eh. Peut-être. Disons que j'en ai vu plusieurs. T'habites où ?
- À Limoilou.
- Oui, oui, oui ! Je me souviens de toi.

Le premier appartement que j'ai visité, en mars dernier, était le sien. Puisqu'il m'a déjà accueillis chez lui, nous nous considérons vite comme des intimes.

Copine rentre dormir vers 22h00. J'ai un gin tonic encore plein devant moi, je choisie de rester. Je termine mon verre et je file aussi. Charmant Garçon est assis à mes côtés. Par politesse, je converse avec lui, à propos de son travail, ses intérêts, ses études. Gentil. Une certaine douceur émane de lui, lorsqu'il sourit, j'ai l'impression que le fond de son regard participe au mouvement de ses lèvres. En revenant de visiter mon ami WC, un nouveau verre m'attend, tandis que le propriétaire m'offre un shooter.

À 2h30, je suis toujours là, à discuter avec Charmant Garçon. Je me sens bien, il est agréable et joli. Nous nous faisons maintenant face, nos corps se frôlent souvent, un sourire au visage, on ne se lâche plus des yeux. Il m'offre d'aller voir ce qui se passe à la Cuisine après nos verres. J'accepte. Aurevoir à tout le monde, on paie nos bills qui sont énormes.

Dans le froid et la pluie de mai, nous marchons côte à côte. Bien entendu, la Cuisine est fermée. Mercredi soir, normal. Mon regard plonge dans les yeux de Charmant Garçon qui s'approche pour m'embrasser. Ses lèvres sont douces, chaude sur ma bouche.

- Veux-tu venir chez moi ou on va chez toi, Waitress ?
- ...
- ...
- Ben, j'ai pas l'habite de ramener chez moi un gars le premier soir.
- On peut juste dormir collé.
- Accepté. Mais à condition que tu t'attendes à rien d'autre.
- Ça me va.

Dans mon lit, nos pieds sont congelés. On rit, on s'embrasse, on se réchauffe ensemble. Ses lèvres sur mes lèvres. Sur mes joues. Dans mon cou, dans mon dos. Sa peau est douce contre la mienne, il sent bon. Tout mon corps frissonne, le sien aussi. Je finis par lui demander d'arrêter. J'ai envie de coucher avec lui, mais je préfère m'abstenir. Ça le fait rire. Il ressemble à un enfant heureux, il est beau. On s'endort en cuillère. Sommeil paisible.

Ce matin, pas de gêne. On parle encore, on rit ensemble. Je partage le premier café avec lui avant son départ. Le taxi arrive devant la porte. Il me dit qu'il travaille au bar ce soir. Me donne son numéro de téléphone. Merci pour la soirée, becs sur les joues, il franchit la porte.

Je me sens bien. Et je me demande si j'irai boire un verre après le travail. Si un jour j'oserai lui téléphoner. Je ne fais pas partie du clan des "appleuses". Trop timide. Waitress est une poule mouillée, faut pas l'oublier.

mercredi 16 mai 2007

Montréal, part II

Les heures de la journée se sont écoulées doucement. Nous marchons un peu partout dans la ville, furetant à gauche et à droite. Un petit café ici, une bière là. J'ai demandé à visiter la bibliothèque nationale, question de voir comment mon argent a été investi. C'est un superbe endroit. Moi, maniaque de livres, donc de librairies et de bibliothèques, je peux dire que c'est la plus belle que j'ai vu. Tellement immense, la lumières du soleil qui entre de partout à la fois... Bel arrêt.


Il y avait longtemps que je n'avais pas passé une journée avec l'Ex. Compagnie agréable, il jase sans arrêt, comme moi. De temps en temps, je sens son bras autour de mes hanches. Je ne fais rien pour m'éloigner. Moi-même, je lui parle et mes mains le touche sans que je m'en aperçoive. Éclats de rire, nos yeux sont brillants. Son parfum n'a pas changé, toujours cette odeur d'ambre qui s'accroche longtemps à mes vêtements. Notre attitude n'a aucune différence par rapport à celle que nous avions du temps où nous formions un couple. Un peu platonique à l'époque, aujourd'hui, ça crée une drôle d'émotion en moi. Je me sens bien. En accord avec l'univers.


En début d'après-midi, nos pieds montent jusqu'au Mont-Royal où les se font bronzer en écoutant les tams-tams. Mll Y nous y rejoint. Becs sur les joues, grosses colles, tout le monde est heureux de se retrouver, l'excitation monte encore. Étendu dans l'herbe, nous faisons la salamandre joyeuse. Une chose est fantastique avec Mll Y. On ne se voit pas souvent, mais chaque fois, j'ai l'impression de reprendre une conversation que nous aurions abandonnée la veille. Comme si on ne s'était pas quittée plus de quelques heures auparavant, alors que le temps se calcule en semaines.


Mll Y doit quitter, on se donne rendez-vous à 18h00 à l'arèna. L'Ex et moi profitons encore un peu de l'endroit, question de se reposer et d'accentuer mon coup de soleil. Nous discutons, j'aurais envie de me coller à lui, mais je me retiens. On décide de se trouver une terrasse où manger en buvant une bière. On passe devant un bar sur St-Denis. Un ami de l'Ex y travaille, il nous offre un verre. Belle rencontre, garçon sympathique. On sort de là en convenant qu'un falafelle fera l'affaire avant de partir.


On sort du Métro Viau. Les vendeurs de billets sont là. Devant les portes de l'arèna, une longue file attend l'ouverture. Pas de Mll Y. Nous allons voir Ginette, qui est juste à côté, pour lui laisser la garde de nos sacs et nous changer. J'enfile mon chandail rayé noir et blanc, celui qui s'agence avec mes bas, à la vue de tous grâce à mes souliers ballerines. J'appelle ça faire un effort vestimentaire monumental. Rien de trop beau pour Arcade Fire.

En moins de cinq minutes, nous sommes à l'intérieur, un peu triste de n'avoir pu faire le plein de nicotine. Il sera impossible de sortir de là avant la fin de la première partie, ce qui signifie trois heures à traverser en buvant de la bière et en état d'excitation totale. L'ex trouve une place tout près de la scène, assez éloignée pour avoir une vue d'ensemble, mais assez près pour remarquer les détails. On se commande de la bière et nous attendons. Mll Y tarde à arriver avec ses amis, je commence à être inquiète. Les gradins se remplissent, la foule derrière nous s'épaissit. Finalement, ils arrivent. Bla bla bla, attente éternelle. 20h00 arrive. Surprise, je constate que les lumières s'éteignent déjà. Quoi ? Un show qui ne commence pas en retard !






J'ai oublié le nom du groupe de la première partie. C'était assez étrange, mais intéressant. La chanteuse était étonnante, une virtuose de la guitare qui faisait aussi la bass drum et les backs vocals. Par contre, ses musiciens étaient fades à côté d'elle. Mais on s'en fou. Tout le monde écoute en ne pensant qu'à Arcade Fire qui sera là bientôt.






La lumière revient, on se dépêche à sortir fumer une, deux cigarettes. On rachète de la bière. Qu'on boit à grandes gorgées, pour faire passer le temps, mais surtout pour ne pas être pris avec un verre plein à la main lorsque la musique commencera.


Et c'est parti. Là noirceur envahit l'arèna, le groupe arrive sur scène. Ça hurle partout, je saute et tape des mains. C'est la partie difficile de mon histoire. Comment décrire tout ce qui s'est passé à partir de cet instant ?


J'ai serré la main de Mll Y à ma droite, de l'Ex à ma gauche en demandant si c'était pour vrai. Si je faisais encore parti du réel.


Le décors, les éclairages étaient magnifiques. Des images étaient projetées sur le rideau au fond de la scène, le logo de l'album Neon Bible y apparaissait, de même que des images filmées en directe du spectacles. Arcade Fire. Ils étaient tellement beaux à voir ensemble, si intense, comme s'ils jouaient une dernière fois avant de mourir. Les voix, la musique, tout était juste. D'entendre les coeurs, de voir leurs visages pleins d'émotions, de deviner leur plaisir d'être là, devant nous, c'était magique. Régine était si belle à voir, à danser, sauter partout, comme une enfant heureuse. Les violonistes, une sexy qui danse, ses cuisses musclées qui bougent au rythme des chansons, l'autre qui chante à sa droite, presqu'au bord des larmes. Les échanges d'instruments, Win Butler qui passe de la guitare au piano, du piano à l'orgue, Régine à la batterie, Régine à l'accordéon puis au piano. La foule qui danse, qui chante, sourire aux lèvres, les yeux mouillés, les mains qui se serrent partout. C'était un bel échange entre la scène et les spectateurs. J'ai entendu toutes les chansons que j'espérais, j'ai chanté chaque parole que je connaissais. Une heure et demi qui a passé si vite, si vite. Je ne pensais à rien, j'étais juste là parmi les autres, avec les autres.






Une fois dehors, nous étions plantés en cercle, en fumant une cigarette. Personne ne parlait, notre sentiment mystique ne se transmettait que par les yeux. Plusieurs minutes se sont ainsi écoulés rempli d'un silence pourtant riche de signification. J'ai dû prendre trois quart d'heure pour décanter avant de partir le moteur de ma voiture. L'Ex partageait le même sentiment que moi. C'était le show de notre vie.






Lundi, au travail, j'avais encore la tête pleine de leur musique et de leur voix. Je ne parlais pratiquement pas, je me contentais de sourire et de soupirer, le coeur léger.



O



Merci à Mll Y et à l'Ex qui m'ont accompagnée dans cette journée, la plus belle depuis très longtemps.

mardi 15 mai 2007

Montréal, part 1

Dimanche, 4h15. Il est si tôt que le ciel n'a pas commencé à bleuir. Un singe hystérique hurle sur la table de chevet. L'Ex s'assoit dans le lit en me donnant un coup de coude. C'est l'heure.


Je me rends jusqu'à la cafetière et entreprend de la mettre en fonction. Je compte les cuillères de café moulu qui atterrissent dans le panier, 1-2-3-4, voyons j'en mets partout, 2-3-4-5.


- Waitress, ce serait pas plus facile si tu allumais la lumière ?

- Non, non, non. 4-4-5-6-7.

- Va prendre ta douche, je m'occupe de préparer le petit déjeuner.


L'eau chaude ruisselle sur mon corps. Je tente de fixer ma pensée sur des trucs simples comme: Comment je m'habille aujourd'hui ? ou encore: Faut que j'appelle Maman pour lui souhaiter une bonne fête des mères. L'épuisement entraîne la non-cohérence de ma pensée. Elle part dans toutes les directions à la fois, sans que je puisse la maîtriser, mon cerveau fabrique des rêves malgré que je sois debout, en train de laver mes cheveux. J'ai fait de l'insomnie la veille, une jolie nuit de 1h30 avant d'aller au travail. Au retour, j'ai tenté sans succès de faire un somme. Et là, je fais la tourniquet après 3h00 de sommeil. Acheter du Red Bull au dépanneur.


À la cuisine, un énorme café, avec beaucoup de lait et un peu de sucre, m'attend sur le comptoir. L'Ex a une mémoire de poisson rouge. Surprise, je constate qu'il se souvient de mes goûts. Je grille des toasts avec un support à la linge, on met la table et nous attaquons le petit déjeuner. Dehors, des oiseaux chantent, à l'est le ciel pâlit.


Je consulte une dernière fois la carte de Montréal pour me donner une idée du chemin à faire une fois le tunnel traversé. La nervosité augmente, je suis complètement éveillée.


Les bagages dans la voiture, je vérifie encore quatre fois que la présence des billets dans mon sac. Je prends le soin d'apporter mes papiers du CAA et ceux de mes assurances. Pas de chances à prendre. En route pour le poste à gaz, Ginette a soif. 40 balles dans le réservoir, du Red Bull et des cigarettes à profusion. Nous sommes prêts.


Et comme Jean Charet, je constate que j'ai oublié un truc. Mon calepin de téléphone, qui contient le numéro de Mll Y, que je dois appeler pour un rendez-vous au Mont-Royal en après-midi.


À 6h30, l'Ex, Ginette et moi traversons le pont. C'est parti­. Mon copilote allume mes cigarettes, me flatte la cuisse lorsque j'ai la mâchoire crispée, les jointures blanches.


Première constatation: Si je ne surveille pas le compteur, je roule entre 130 et 140 kilomètres à l'heure. Bref, l'autoroute, c'est agréable et facile. Je dépasse tout le monde, il y a peu de gens sur la route, le soleil est là. Je me calme au fur et à mesure que la voiture s'éloigne de Québec.


Je m'apprête à dépasser une automobile rouge. Lorsque j'arrive à la hauteur du conducteur, celui-ci décide d'aller voir ce qui se passe sur la voie de gauche. Peut-être que le paysage y est plus coquet ? Mon klaxon ne fonctionne pas. Panique, panique, ma tête va vite, je sais qu'il ne faut pas donner de coup de volant, surtout à la vitesse à laquelle je roule. J'appuie doucement sur les freins en me déplaçant vers l'accotement. J'ai peut-être hurlé en même temps, allez savoir. Conducteur fou réalise que je suis là, il retourne à droite, je le dépasse à toute allure, pour être certaine de ne plus avoir affaire à lui. L'Ex prend soin de lui envoyer un superbe finger de ma part. Un bon copilote.


Au loin, j'entrevois des montagnes. Puis le mât du stade olympique. À mesure que Ginette approche de Montréal, je suis de plus en plus nerveuse. Bien vite, mes mains tremblent sur le volant, des spasmes incontrôlables saisissent mes cuisses. Je prends de grandes respirations, crispent tous mes muscles. Ainsi, plus rien ne tremble. Sans m'en apercevoir, je roule dans le tunnel. Je commence à capoter.


- Waitress, calmes-toi, on est déjà au tunnel, ça va super bien.

- Ben oui, ben oui, on est au tunnel, mais en sortant de là, c'est parce qu'on va être DANS Montréal !

- Le monde se lève tard ici, y'aura pas un chat sur le chemin, tu vas voir.


Comme de fait, l'Ex avait raison. Une fois sur Sherbrooke, j'ai croisé environs 7 autos. Les doigts dans le nez. Piece of cake. À 9h30, j'ai coupé le contact; Ginette se tenait bien droite, déjà prête à sortir du stationnement à côté de l'aréna Maurice-Richard.


Je sorts dehors, en sautant et en tapant des mains, fière de moi. J'ai changé de vêtements, puisque ceux que je portais étaient complètement trempés. À partir de ce moment, j'ai pu me concentré sur l'excitation qui me gagnait. Le show commencerait dans 10h30. Décompte amorcé.

dimanche 13 mai 2007

Retour de Montréal

Sourire aux lèvres, je rentre chez moi à 2h30 du mat. La journée a été merveilleuse et le spectacle d'Arcade Fire........ Je suis en état extatique. Tout ça pour vous dire que tout a bien été, personne n'aura à acheter de fleurs pour pleurer à mon enterrement. Je raconte tout sous peu.

vendredi 11 mai 2007

Waitress la poule mouillée

Waitress se sent audacieuse.


Dimanche, jour J. À 20h00, les premiers accords se feront entendre à l'aréna Maurice-Richard et tous les fans entonneront les paroles des merveilleuses chansons d'Arcade Fire. Et je serai parmi eux, debout au parterre, en poussant de petits cris aigus dictés par ma joie, tenant parfois la main de Mademoiselle Y ou de l'Ex, comme pour m'assurer de la réalité de la soirée.


Reste à monter à Montréal. Je croyais m'y rendre en autobus, mais le coût du voyage m'a convaincue qu'il existait un moyen plus économique. Allô Stop me sembla alors une pertinente solution. Mais je ne suis pas inscrite. Donc, après avoir payé mon inscription, et le coût du voyage, il me faut revenir à Québec. Pas de veine, faut prendre l'autocar.


J'ai ainsi décidé de m'y rendre avec Ginette, ma jolie Sunfire blanche. Bien que nous sommes vendredi, juste d'y penser, mes mains sont moites et mon coeur bat fort. La nervosité n'est plus pour le show, mais pour la route à faire. Je suis du genre à éviter les autoroutes, les changements de voies, le trafic et les stationnements en parallèles. Imaginez maintenant l'angoisse qui m'habite. Je ne connais pas du tout Montréal, j'ai même demandé à un copain s'il fallait bien que je prenne le pont à Québec pour m'y rendre...


Donc Waitress appelle l'Ex ce matin pour lui annoncer la nouvelle. Elle tombe sur le répondeur.


- Bonjour vous êtes bien au 555-1234, laissez-moi un p'tit message.

- Bipppp.

- Salut, c'est Waitress. Mouais ben, pour dimanche, j'ai décidé de monter avec mon char. Donc on va partir très, très, très tôt, comme ça y'aura pas de monde sur le chemin, ça va être plus facile pour moi. Je compte sur toi, hein. J'espère vraiment, vraiment que tu es un excellent copilote. Et va falloir que tu sois fin psychologue aussi. J'attends ton appel.


Eh merde. L'impression de m'être mis les pieds dans les plats avec mes bonnes idées. Depuis quand je me sens courageuse, aussi ?

mercredi 9 mai 2007

Solitude


4h30 du mat, je ne sais trop de quoi vous parlez. Tout va tellement vite dans ma tête. Encore une nuit de débauche, encore une nuit à donner mon numéro de téléphone à des gens qui n'appelleront jamais.


C'est un truc qui me fait chier. Et je joue le même jeu pourtant. Pourquoi est-ce que je donne mes coordonnées à quelqu'un qui n'en a rien à foutre et qui agit par pure politesse ? Pourquoi je mets des bouts de papier dans mon sac en disant "Je t'appelle vendredi prochain pour telle soirée à tel bar " ? Les gens sont tout simplement incapable de se dire que non, ça ne nous intéresse pas, on préfère la game, la putain de game que j'avoue tant adorer. La politesse. Nos parents nous ont bien élevés.


Demain, je vais appeler Équipier. Et je sais qu'il aura une excuse toute prête pour me dire qu'il ne sera pas des nôtres. Pendant ce temps là, j'aurai mis mon apppart en ordre complet, je me serai fait belle. Pour rien. À moins que Maiken se soit décidé à venir, mais mon intuition me porte à croire qu'il n'y sera pas.


Désolée, Waitress la toujours joviale et positive est un peu en mode depress. Peut-être parce qu'un ami qu'elle aime bien l'a réveillé au téléphone cet après-midi et qu'une chicane complètement stupide s'en est suivie. Et que je me sens mal à l'aise. Je sais que j'aurais dont dû fermer ma yeule. Dire des "non c'est pas grave" comme je fais toujours. Mais non. J'ai dit que je n'aime pas qu'on me mente en pleine face. Résultat ? Mon ami me boude parce que je l'ai traité de menteur !!!!!!! Bordel que les gens sont compliqués. Ça m'énerve, quelqu'un qui n'assume pas ses actes et qui te fait feeler cheap lorsque tu lui fais remarquer !


Criss que les gens sont compliqués. Vive les îles désertes à certains moments !

mardi 8 mai 2007

Le vieil homme

Chaque fois que je marche dans ma rue pour prendre les escaliers Victoria et qu'il fait soleil, je rencontre toujours le même homme louche.

Il est debout, devant chez lui, vêtu d'un imperméable jaune et il fume la pipe. Il reste planté là toute la journée, à fumer et à regarder les gens passer.

Parfois je me demande s'il a un problème mental. À d'autres moments, je me dis qu'à force de voir des tas de personnes passer sous son nez et d'écouter leurs conversations, il doit en connaître beaucoup sur le genre humain.

lundi 7 mai 2007

Les aimants

Lundi soir, dernier jour de travail. Le week-end débutera à 23h00. Au cours de la soirée, je saisie le téléphone pour parler à Jeune Homme.

- Heil tu veux venir me rejoindre au bar ? On pourrait faire de la terrasse...
- Mouais, ça serait une idée. Je vais invité Réceptionniste.
- Coooooooool !
- Heil Pierrot Lapin a écrit un message à propos de tits fucking sur mon blog. Je l'ai effacé.
- Non ! Ya fait ça aussi sur le mien, mais je lui ai dit que le tits fucking était pas mon unique but dans la vie.

À ce moment, mon collègue de travail, un homme de cinquante ans, lève un sourcil.

- Oups, scuse moi, j'crois que Pinch Coworker est en train de s'étouffer à côté.
- Bon, bin rappelle-moi en finissant, Waitress.

23h47, Waitress se pointe au bar. En premier. Oui, oui, je suis arrivée en avance. Pour la première et dernière fois de ma vie. Je me commande un verre au bar.

- Heil salut !

Un joli garçon assis au comptoir me regarde.

- Allô. Ça va bien ?
- Moi c'est Louis.
- Enchantée, Waitress, en tendant la main vers lui.

Louis tente de lever son verre pour tchintchiner avec moi.

- Pas tout suite, j'ai rien à boire !

Mon gin tonic se pointe.

- Ok, on trinque ensemble, mais avant, tu enlèves ton manteau.

Et Louis de s'exécuter. J'adore voir les hommes faire ce que je demande, en particulier lorsque c'est complètement stupide.

- Santé, Louis ! Bonne soirée.

Jeune Homme finit par me rejoindre sur la terrasse, juste au bon moment pour m'éviter une longue et ennuyeuse conversation avec un quinquagénaire que je connais un peu. Bla bla bla, on jase, il me raconte ses dernières frustrations, me recommande de ne pas coucher avec Équipier mercredi prochain, ne me croit pas lorsque je lui affirme en toute sincérité que le but n'est pas là.

- Don't fuck the pay roll, ma belle.
- Je sais, j'suis pas du genre à faire ça.
- (!&*/"*&/*&/ (Jeune Homme s'étouffe avec une gorgée de Jack 7'up).

Au loin, titubant sur le trottoir, j'aperçois un autre collègue de travail (on est beaucoup dans mon hôtel, c'est normal que je vois toujours quelqu'un quelque part). Je lève un bras en l'air en criant son nom. Il s'installe à notre table.

Ouf. Collègue #38 a commencé sa soirée tôt. C'est la quatrième fois qu'il nous raconte qu'il s'est réveillé ce matin.

- Non ! Encore ? (J'peux pas m'en empêcher, mais il ne remarque rien. Heureusement, Jeune Homme rit avec moi).

Ça fait maintenant trois fois que je lui demande quelle sorte de drogue il a pris au cours de la soirée, parce que je suis incapable de comprendre comment il peut être mêlé à ce point. Chaque fois, il répond qu'il s'en va faire le party tout seul chez lui. Humm.

Le barman se pointe et m'appelle par mon nom pour me dire qu'un shooter m'attend à côté de Louis. J'entre, bois le verre, dis merci et retourne sur la terrasse. Quoi ? C'est pas parce que tu me paies à boire que je vais t'écouter parler ensuite !

Retour à l'extérieur. Jeune Homme entre dans le bar, chercher un autre verre et faire un tour à l'urinoir.

- Tu sais Waitress, tu m'intéresses vraiment. Et je suis gêné.
- Eh ben. Pourtant, j'pense pas être particulièrement intimidante, tsé.

Retour de Jeune Homme. Notez que Collègue #38 prend un temps fou à enligner assez de mots pour former une phrase complète. Et il continue son discourt:

- Je suis heureux. Et amoureux.
- Oui. De la vie, hein ! de répondre Waitress.

Fin de la conversation. À partir de ce moment, Collègue #38 est complètement écarté de la conversation, même incapable de nous regarder. Sa seule interaction consistait à lâcher de temps en temps:

- Vous vous aimez vous deux, ça parait.

Lorsqu'il quitte la terrasse, Jeune Homme et moi-même décidons de concert qu'il est préférable de le reconduire jusque chez lui. Collègue #38 de protester. Waitress craint qu'il n'entre en collision avec une borne fontaine et devienne ainsi stérile. Ma grande compassion fait en sorte que je considère comme un devoir de le raccompagner.

Long voyage pour n'arriver que trois coins de rue plus loin. Après avoir débarré sa porte, j'entre dans sa salle de bain (soyez pas inquiets, elle est propre). Ressors de là et Jeune Homme me tire presque par le chandail pour me faire retourner chez moi. Collègue #38 se tient près de la porte, une guitare au cou. Aurevoir, pas de bec sur les joues, on s'en va. Mon intuition me pousse à courir pour être hors de porté de vue de Collègue #38 si jamais il sort pour nous suivre.

- Tu sais pas ce qu'il m'a dit pendant que tu étais à la salle de bain ?
- Quoi ?
- Il m'a demandé si c'était le temps de te dire qu'il était amoureux fou.
- ...
- J'lui ai conseillé de plutôt t'inviter à prendre une bière la prochaine fois qu'il te verrait à job.
- ...
- Tu iras pas, hein ?
- ...
- Non, ça c'est le genre de gars qui va t'appeler la nuit juste pour te parler.
-...
- ...
- Tu viens prendre une dernière bière chez moi, Jeune Homme ?
- Ah non, j'suis trop fatigué.

O
Je me demande... Pourquoi j'attire juste les fuckés, les vieux et les alcolos drogués dans la vie ? Si Maiken serait encore de ce monde, je pourrais lui demander une réponse toute psychologique de la question. Mais il gambade dans les terres froides du Nord où l'internet ne semble pas exister. Quelqu'un d'autre a une explication ?

dimanche 6 mai 2007

De la féminité de Waitress

Waitress au travail, en équipe avec un joli garçon. Soirée ennuyeuse, le téléphone ne sonne pas. Qu'arrive-t-il dans ces moments là ? Je jase, je fume, je fais et dis des conneries.

Au cours de la conversation, j'avance le fait que j'aimerais organiser un souper chez moi mercredi soir (JH, ceci est une invitation !). Mes yeux se posent sur l'horaire de la semaine. Équipier est aussi en congé.

- Aimerais-tu te retrouvé autour de ma table ?
- Humm. J'ai du karaté mercredi soir.
- Ah. Tu sais pas ce que tu manques. Ça finit à quelle heure ?
- J'pars de là vers 21h00.
- Ben. C'est pas trop tard, si jamais ça t'intéresse.
- C'est vrai. T'as juste à m'appeler. Ça me prendrait cinq minutes en vélo (Équipier est très sportif...).

Donc, il y a de fortes chances qu'il soit là. Chez moi. Lui.

Je suis déjà en train de crouler sous la pression. D'abord, faudra que le menu soit fantastique et le vin merveilleux. Ensuite, que je sois en beauté, parce que le but est de lui plaire, bien sûr. Pour une fois qu'il me verra sans mon éternelle queue de cheval pleine de mottons et sans cravate rouge, les défauts seront non admis. Sans oublier mon appart, qui devra être nickel. Équipier semble être un homme du genre très, très propre, donc pas de poussière sur la bibliothèque. Et il faut que je me trouve une belle nappe, la mienne est affreuse et trop tachée de vin.

Mais ce n'est pas tout. Équipier, de par la nature de son nom, est un collègue de travail. Ce qui signifie que si l'envie de l'embrasser me prend après quelques verres, faudra absolument la réprimer. Et si c'est lui qui me fait des avances ? Nha, j'crois pas.

Alors. La question du jour: Comment je m'habille mercredi soir ?

La maison familiale

J'arrive tard dans la nuit chez mes parents. Toutes les lumières sont éteintes, sauf une petite lampe du salon. Le camion de mon père se trouve dans la cours, il est revenu plus tôt des États-Unis pour me voir. Je fume une dernière cigarette, avant d'aller dormir au sous-sol, à côté du poêle.


Au loin, un coin du ciel tend au bleu. Annonce du soleil. Rendez-vous dans quelques heures. Partout ailleurs, la nuit noire; il n'y a que la lune qui éclaire tout. Son intense lumière blanche efface les étoiles.


D'abord, je n'entends pas un son. Qu'un silence lourd qui résonne en moi. Après un temps, je distingue le cri d'un oiseau. Puis un autre. Lentement, mes oreilles s'habituent aux bruits discrets de la campagne. Je termine ma cigarette sur un concert de grenouilles.



O



Vendredi matin, je me lève après une superbe nuit de 3h00 de sommeil. Maman a prévu le coup; la cafetière est pleine et un cendrier m'attend sur le patio.


J'adore la maison de mes parents. Ça sent la tomate mûre que je dis. Tout en sachant que ce n'est pas exactement ça, je n'arrive pas à décrire l'odeur autrement. La maison sent l'Italie. Et c'est grand. La cuisine, la salle à manger et le salon forment une seule pièce, savamment divisée par les meubles. Immenses fenêtres, tout est inondé de lumière. Il y a l'horloge qui sonne chaque quinze minutes, qu'on n'entend plus après une heure. Je m'installe à la table en bois massif, mon père à ma droite, la mère qui trône sur la chaise berçante. Nous discutons un moment. Ça rit fort. Nous sommes bien ensemble.


Je sors dehors, sur le patio, pour fumer ma première cigarette. Le paysage est grandiose. Il y a le champ à côté, la forêt en avant. De grands arbres, de vieux arbres qui ont connu mon père petit garçon. Puis le mont. Une grosse montagne dont le point le plus élevé se situe juste en face de nous. Sur les hauteurs, on devine la neige entre les arbres. Le soleil vient de se lever, l'horizon est large. Pas d'immeuble qui vienne bloquer les yeux, pas d'autres bruits que ceux des oiseaux. J'adore la maison de mes parents.



jeudi 3 mai 2007

Waitess se pousse

En grande primeur, je vous annonce que le 45Nord de demain aura lieu sans moi. J'aurais été curieuse d'y faire un tour, mais ce ne sera pas possible, puisque la Waitress se trouvera dans un petit bled à 1h30 de Québec.



Et oui, en ce 4 mai, jour de demain, je pense sincèrement qu'il ne neigera plus. J'ai rendez-vous avec Ginette, ma voiture, pour lui offrir ses sandales d'été. Puisque j'aime encourager ma région (et que je ne connais pas de garage de confiance à Québec), j'irai du même coup visiter mes grands-parents, que je n'ai pas vu depuis Noël 2005. Ça fait presque peur, je suis certaine que je n'en reviendrai pas de voir à quel point ils ont vieillis...



Après le travail, soit en plein milieu de la nuit, Ginette et moi feront un arrêt à la boîte à malle de Jeune Homme, où nous attendra un cd de tounes très quétaines (Julie Masse, Mitsou, Rock Voisine et compagnie) pour nous aider à tenir la route sans trop de difficulté. J'adore gueulé des tounes moches en conduisant, cigarette aux lèvres. C'est bien le seul endroit où je laisse aller ma voix incroyablement fausse et suraiguë, puisque personne ne peut m'entendre. Même en faisant des tourniquets sous la douche je ne me donne pas, par crainte d'être entendue par un voisin et de recevoir un avis d'expulsion dans l'heure qui suit.



Très tard dans la nuit de vendredi à samedi, ou très tôt le matin, selon votre horaire, je reprendrai cette route pleine de collines et de courbes pour aller travailler à 5h30. Une minuscule escapade. Si courte que je n'aurai pas le temps de réaliser que je ne suis plus en ville, mais plutôt perdue au fin fond des bois, pas assez long pour m'imprégner du silence de la nuit en campagne et du bien-être qui vient d'un ciel sans fin rempli d'étoiles et de galaxies.

mercredi 2 mai 2007

Les bonnes manières de Waitress

Décidément, je ne suis pas sortable.



En compagnie de Mâle Alpha, j'ai un petit creux. Lui aussi. Un goût de côtes levées envahi mon être. Direction le restaurant Scores le plus près.




Notre apéro arrive. Déshydratée, je pense à commander un verre d'eau à ce moment. Mais notre serveuse est très occupée. Quand même, il y a huit autres clients dans sa section. J'attends. J'attends. J'attends. Point de verre d'eau, ni de serveuse à l'horizon. Au lieu de piquer une crise, j'avale mon Bloody Mary d'un trait. Ça fait du bien. Mais j'ai toujours soif. Je me rabat donc sur la soupe poulet et nouilles.




Nos assiettes arrivent pendant que nous sommes en train de piller le bar à salade. Zut, j'ai encore loupé mon verre d'eau. J'entame alors une crève de la faim. Pas question d'avaler quoi que ce soit sans liquide devant moi.




Au bout de cinq minutes, la serveuse se pointe en panique.




- Désolée, est-ce que j'ai fait une erreur ?


- Euh, non, j'aimerais juste avoir un verre d'eau s'il-vous-plaît.




Verre d'eau arrive. Et là, me prend un fou rire incroyable.




Je me suis mise à observer les gens autour de moi. À ma gauche, un couple d'obèses au look très BS (je sais, je sais, couple d'assistés sociaux souffrants d'embonpoint) dévorent leurs assiettes sans se parler, ni se regarder. Passe le gérant, au sourire figé dans la cocaïne. Suivie d'une serveuse d'environ 19 ans qui a une coiffure absolument ri-di-cu-le. Vous avez vu cette mode qui consiste à faire un dôme avec son toupet ? Je n'ai rien contre, je l'utilise moi-même pour travailler. Mais là, c'est carrément exagéré; la fille semble se promené avec un demi ballon de basket sur la tête. Et c'est ainsi pour chaque personne qui passe.




Fin des côtes levées, j'ai encore faim. Mâle Alpha propose de partager une tarte au citron. J'accepte. Arrive une belle pointe de tarte, avec plein de meringue et de la crème fouettée sur le tour de l'assiette. Ma fourchette rafle une petite montage et c'est plus fort que moi. Je lance le tout sur Mâle Alpha qui en ramasse plein la gueule et le chandail.




Autour de nous, plus personne ne parle. J'éclate de rire et les autres en font autant. Mon compagnon m'imite avec sa fourchette, mais avant qu'il projette sa pelleté sur moi, je plonge sous la table en hurlant "Noooooooon ! Dans ta bouche la fourchette, dans ta bouche !". Et je lui mord une cuisse pour qu'il m'écoute.




Le dessert terminé, Mâle Alpha se lève pour aller à la salle de bain. Comme il passe derrière moi, sa grande main m'étale de la mousse blanche sur tout le visage et je recommence à hurler pendant qu'il se sauve. Aucune idée du comment il a fait pour cacher ça dans ses mains sans que je m'en aperçoive.




Bref, nous avons bien ri et les autres clients aussi. La serveuse, elle, je ne sais pas. Son pourboire devrait nous avoir excusés. Mais je suis restée les cheveux à moitié collés pour le reste de la soirée. Ça m'apprendra.




Et maintenant...




Qui veut m'inviter au restaurant ?

Magasinage

Mardi, journée de congé. Après une longue nuit de débauche, Waitress se retrouve chez Wal-Mart pour acheter une balayeuse.



Je sais, il y a des façons beaucoup plus agréables de dilapider sa fortune, mais je n'ai pas le choix. Déjà que je déteste et le magasinage et Wal-Mart, j'appelle ça un effort de guerre.



Sur un bout d'allée, je vois des pilules pour maigrir. La boîte comprend une série pour le jour et une autre pour la nuit, le tout agrémenté de nombreux témoignages d'anciennes grosses devenues minces.



Mâle Alpha: Waitress, c'est un attrape nigaud.



Waitress: Ben, peut-être pas, des fois que ça pourrait marcher.



Mâle Alpha: Ça existe pas des pilules qui font maigrir.



Waitress, avec un sourire démoniaque: Oui, ça existe...









Un peu plus loin, Mâle Alpha s'arrête devant un étalage de produits dérivés du film Spider Man. Genres de trucs que je trouve particulièrement ridicules. Il est en extase devant une poubelle pleine de toiles d'araignée.



Waitress qui hurle dans le magasin : Heil !!!!! J'pas une banque à pitons ! Tu le sais qu'on a pas d'argent pour tes bebelles, ton chèque est déjà tout dépensé !



Mâle Alpha dépose la poubelle sur la tablette, me lance un regard assassin tandis qu'il constate que tous les clients l'observent avec mépris. Et moi de me sauver en courant avec mon panier, question d'aller me camoufler dans les chapeaux.





J'aime perdre mon temps au magasin. Courir partout en criant des niaiseries. Et là, je ne vous raconte même pas l'atroce parade de mode que j'ai fait subir à Mâle Alpha. Malgré tout, je me suis achetée une balayeuse. Très jolie, compacte et elle s'agence à merveille avec mes vêtements. Nous serons heureuses longtemps, elle et moi.

mardi 1 mai 2007

Proprio

Ma nouvelle propriétaire est une granola.

En ce jour international du loyer, Proprio me téléphone. Waitress de s'empresser de parler du chèque qu'elle ira porter un peu plus tard. Je ne trouve pas mon chèquier, aucune idée de l'endroit où je l'ai fouttu. Et en ce moment, je ne possède pas 500$ en papier. C'est la vie.

Proprio: Oui, oui, oui, ça presse pas de toute façon, tu viendras plus tard. Puis es-tu bien installée ?

Je vous le jure. Elle m'a demandée si tout allait bien, si j'aimais encore autant l'appartement. Si les voisins étaient gentils avec moi, tout. Bordel, lendemain de brosse, gros mal de tête, un homme nu qui m'attendait dans mon lit, crois pas que j'avais tellement envie de socialiser avec elle.

Proprio a quand même pris quinze minutes de son temps afin de s'assurer de mon bonheur...