Comme vous voulez, je vous raconte à propos de Charmant Garçon Toutefois, je vous avoue que je suis déçue de constater qu'outre Jiji, personne ne manifeste d'intérêt face à ma vie professionnelle...Jeudi,
Waitress termine sa soirée à l'hôtel. Il est minuit trente, je me suis apportée des vêtements jolis et légèrement sexy dans le but de passer par le bar. Je retouche mon maquillage, ma coiffure et je marche vers la
Basse-Ville. Petits papillons dans le ventre.
Est-ce qu'il me trouvera stupide si je retourne le voir tout de suite ? Est-ce que j'aurai l'air trop intéressée ? Devant moi, la terrasse, où quelques personnes fument une cigarette. Il n'est pas dehors. J'ouvre la porte, la musique me monte aux oreilles. Hésitation. La porte se referme.
Waitress marche vite, vite, vite jusque chez elle.
Froussarde. C'est tout ce que je me répète sur le chemin. Je suis déçue. J'aurais aimé le voir. Tant pis. Je vais me coucher.
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Vendredi, 19h00. Il me reste 8h30 devant moi avant que mon cadran-singe-hystérique-qui-hurle-dans-la-jungle me dise qu'il faut aller travailler. J'ai les yeux grands ouverts, je n'ai pas sommeil. Je lis un peu, rien à faire, je sourie en pensant à Charmant Garçon. Est-ce qu'il pourrait être au bar ? Je me convaincs que deux verres d'alcool m'aideront sans doute à m'endormir. Je me fais belle. Me dirige vers le quartier St-Rock.
Il n'est pas là. Tant pis, j'ai soif. Je m'assoie au bar, à droite d'un hippie. Poncho, cheveux blonds en queue de cheval, petites lunettes à monture métallique rondes. Il sent la gomme de sapin. Bref, un hippie. Gin tonic. Une fois. Deux fois. Une connaissance s'assoie à ma droite. Gin tonic trois fois. Je termine mon verre et je file. À l'autre bout du comptoir, j'aperçois un ami que je n'ai pas vu depuis plusieurs mois. Me lève et vais lui parler.
Smouck, smouck, becs sur les joues, grosse colle, je suis contente de te voir. Il me raconte qu'il est en amour, qu'il habite la Rive-Sud avec sa nouvelle copine, que tout va bien pour lui. Lorsque je discute avec quelqu'un, je regarde toujours ses yeux. Sans raison, mes yeux se retrouvent à 45 degrés. Il est là. Charmant Garçon a les yeux plantés dans les miens, un sourire aux lèvres. J'essaie de ne pas lui répondre, mais ma bouche ignore ma volonté. Deux secondes passent. Je reviens à mon ami, qui poursuit son histoire. Je n'entends plus rien. Tout ce que je sais, c'est que Charmant Garçon s'est dirigé vers moi, qu'il attend un peu en retrait et que je veux lui parler. Aurevoir vieil ami, à la prochaine.
Charmant Garçon se penche pour m'embrasser sur la joue. Je n'ai pas terminé mon mouvement qui me permettrait de me placer bien face à lui. Il interprète ça comme un refus.
- Ah pardon, tu veux pas.
- Quoi ? Ben oui, je veux, en lui tendant la joue.
- Je peux prendre un verre avec toi ?
- Oui, oui, mes affaires sont là bas.
On décide d'aller sur la terrasse. Il fait froid, je m'en fou. On discute, les yeux dans les yeux, en souriant toujours. On fume des clops ensemble. Je me sens bien. Nos verres sont à secs, il sait que je me lève bientôt pour le travail. Le barman arrive et me demande si je veux autre chose en me donnant des coups de coudes.
- Je sais pas trop, je ne m'endors pas, mais ce serait pas sage.
Je vais voir mon ami WC en y pensant. Retour à l'extérieur, Barman dépose une bouteille de bière devant Charmant Garçon.
- Ben, j'peux-tu t'accompagner pour un dernier verre ?
- Bien sûr.
- Gin tonic.
On boit lentement. Mais nous touchons quand même le fond des verres. Je rassemble mes effets personnels en annonçant mon départ. Il se lève avec moi, nous allons dans des directions opposées.
- J'ai été vraiment nono hier matin.
- Comment ça ?
- Je t'ai donné mon numéro de téléphone, mais j'ai pas pris le tient. Est-ce que tu veux me le donner ?
- As-tu du papier et un crayon ?
Je n'ai pas terminé ma phrase que j'ai un stylo dans les mains.
- Je ne t'aurais pas téléphoné. J'fais pas partie du clan des appleuses.
- Moi non plus. Donnes-moi ton e-mail aussi, si tu veux.
Smouck, smouck, becs sur les joues, un peu trop près des lèvres et qui durent quelques secondes de trop. Aurevoir.
Je n'ai aucune idée du chemin que j'ai emprunté pour rentrer à la maison. Tout ce dont je me souviens, ce sont les papillons, le sourire et le bonheur.
Est-ce que je l'ajoute tout de suite à mon MSN ? Est-ce que j'aurais l'air trop intéressée ? Je le fais, en me souvenant de ma tendance à perdre les bouts de papiers qui traînent dans mes poches.
Je me mets au lit. Incapable de dormir. Je découvre comment les sourires heureux ne sont pas propices au sommeil.
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Samedi, 4h00 du mat. Je lis mes blogs préférés et mes mails. Il m'a écrit. Pour me dire qu'il est content de m'avoir vu. Qu'il est passé au bar en souhaitant que je sois là. Je lui répond la même chose.
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Samedi, 18h00. Je rentre chez moi. Je dois aller au party de Jeune Homme qui vient de me téléphoner pour dire que le souper est prêt et qu'on m'attend.
- J'arrive, j'arrive. Juste le temps de me préparer.
Je vais voir mes mails. Il m'a encore écrit. Qu'il serait au bar, au cinq à sept. Qu'est-ce que je fais ? Je suis fatiguée. J'ai besoin de Red Bull. Avec de l'alcool. À moins que j'aille boire une vodka-red bull au bar ? Je saisie le téléphone. Coloc de Jeune Homme répond.
- Désolée, attendez-moi pas pour souper, j'ai pas le temps, j'arrive un peu plus tard.
18h30. Vite, vite, le cinq à sept approche de la fin, faudrait pas le manquer. Je cours vers le bar, il est là. Avec un ami. Zut. Mais non, c'est pas grave, il m'invite avec eux. Son ami parle beaucoup. Beaucoup, beaucoup. Encore plus que moi. Charmant Garçon me regarde. Je le regarde. On sourit. Aucune idée de ce que l'Autre dit, j'écoute à peine. Termine mon deuxième verre, je me sauve festoyer en courant.
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Dimanche, 13h00. Je reviens chez moi, après une nuit de débauche totale en pleurant parce que je dois me préparer pour le travail. Première chose que je fais : Vérifier mes mails.
Un autre message. Où il me demande si je serais passé au bar s'il ne m'aurait pas dit qu'il y serait. Hésitation devant la réponce. La vérité ou pas ? Est-ce que je désire qu'il sache que j'avais envie de le voir, ou bien je mets le tout sur le compte du hasard ? Je décide d'être franche.
Demain, je vois Charmant Garçon. Seule. On s'organise un souper, chez moi. Je sais, je sais, il aurait fallu choisir un lieu neutre, mais j'y avais pensé et il l'a aussi proposé. J'ai besoin de vous.
D'abord, cette nuit, il faut que tout le monde accroche une paire de bobette propre à sa corde à linge. Et la nuit prochaine également. Ça me porte bonheur, et on serait en train de créer un nouveau mouvement de solidarité.
Ensuite, je me demande quoi mettre au menu. Il faut réfléchir au fait que je vais sûrement vouloir l'embrasser à la fin du repas. Ail, oignon et moules sont donc proscrites. J'aurai des fromages, un gros fruit pour désert (ananas, papaye ou autre, selon les prix au supermarché). J'ai pensé aux avocats farcis en accompagnement. Mais le reste ? Suggestions !!!!!!
Troisième point. Je m'habille comment ? Pantalon ? Jupe au tissu doux doux doux ? Décolleter ou pas ? En noir ou en couleur ? Cheveux remontés ou détachés ?
Tout ce que je veux, c'est une belle soirée. Peut-être un dodo collé ensuite. J'espère aussi avoir pleins de trucs à raconter. S'il fallait que je ne sache plus quoi dire après quelques heures ? Et si je rate le repas ?
S'il-vous-plaît, on n'oublie pas les bobettes sur la corde à linge !