mercredi 16 mai 2007

Montréal, part II

Les heures de la journée se sont écoulées doucement. Nous marchons un peu partout dans la ville, furetant à gauche et à droite. Un petit café ici, une bière là. J'ai demandé à visiter la bibliothèque nationale, question de voir comment mon argent a été investi. C'est un superbe endroit. Moi, maniaque de livres, donc de librairies et de bibliothèques, je peux dire que c'est la plus belle que j'ai vu. Tellement immense, la lumières du soleil qui entre de partout à la fois... Bel arrêt.


Il y avait longtemps que je n'avais pas passé une journée avec l'Ex. Compagnie agréable, il jase sans arrêt, comme moi. De temps en temps, je sens son bras autour de mes hanches. Je ne fais rien pour m'éloigner. Moi-même, je lui parle et mes mains le touche sans que je m'en aperçoive. Éclats de rire, nos yeux sont brillants. Son parfum n'a pas changé, toujours cette odeur d'ambre qui s'accroche longtemps à mes vêtements. Notre attitude n'a aucune différence par rapport à celle que nous avions du temps où nous formions un couple. Un peu platonique à l'époque, aujourd'hui, ça crée une drôle d'émotion en moi. Je me sens bien. En accord avec l'univers.


En début d'après-midi, nos pieds montent jusqu'au Mont-Royal où les se font bronzer en écoutant les tams-tams. Mll Y nous y rejoint. Becs sur les joues, grosses colles, tout le monde est heureux de se retrouver, l'excitation monte encore. Étendu dans l'herbe, nous faisons la salamandre joyeuse. Une chose est fantastique avec Mll Y. On ne se voit pas souvent, mais chaque fois, j'ai l'impression de reprendre une conversation que nous aurions abandonnée la veille. Comme si on ne s'était pas quittée plus de quelques heures auparavant, alors que le temps se calcule en semaines.


Mll Y doit quitter, on se donne rendez-vous à 18h00 à l'arèna. L'Ex et moi profitons encore un peu de l'endroit, question de se reposer et d'accentuer mon coup de soleil. Nous discutons, j'aurais envie de me coller à lui, mais je me retiens. On décide de se trouver une terrasse où manger en buvant une bière. On passe devant un bar sur St-Denis. Un ami de l'Ex y travaille, il nous offre un verre. Belle rencontre, garçon sympathique. On sort de là en convenant qu'un falafelle fera l'affaire avant de partir.


On sort du Métro Viau. Les vendeurs de billets sont là. Devant les portes de l'arèna, une longue file attend l'ouverture. Pas de Mll Y. Nous allons voir Ginette, qui est juste à côté, pour lui laisser la garde de nos sacs et nous changer. J'enfile mon chandail rayé noir et blanc, celui qui s'agence avec mes bas, à la vue de tous grâce à mes souliers ballerines. J'appelle ça faire un effort vestimentaire monumental. Rien de trop beau pour Arcade Fire.

En moins de cinq minutes, nous sommes à l'intérieur, un peu triste de n'avoir pu faire le plein de nicotine. Il sera impossible de sortir de là avant la fin de la première partie, ce qui signifie trois heures à traverser en buvant de la bière et en état d'excitation totale. L'ex trouve une place tout près de la scène, assez éloignée pour avoir une vue d'ensemble, mais assez près pour remarquer les détails. On se commande de la bière et nous attendons. Mll Y tarde à arriver avec ses amis, je commence à être inquiète. Les gradins se remplissent, la foule derrière nous s'épaissit. Finalement, ils arrivent. Bla bla bla, attente éternelle. 20h00 arrive. Surprise, je constate que les lumières s'éteignent déjà. Quoi ? Un show qui ne commence pas en retard !






J'ai oublié le nom du groupe de la première partie. C'était assez étrange, mais intéressant. La chanteuse était étonnante, une virtuose de la guitare qui faisait aussi la bass drum et les backs vocals. Par contre, ses musiciens étaient fades à côté d'elle. Mais on s'en fou. Tout le monde écoute en ne pensant qu'à Arcade Fire qui sera là bientôt.






La lumière revient, on se dépêche à sortir fumer une, deux cigarettes. On rachète de la bière. Qu'on boit à grandes gorgées, pour faire passer le temps, mais surtout pour ne pas être pris avec un verre plein à la main lorsque la musique commencera.


Et c'est parti. Là noirceur envahit l'arèna, le groupe arrive sur scène. Ça hurle partout, je saute et tape des mains. C'est la partie difficile de mon histoire. Comment décrire tout ce qui s'est passé à partir de cet instant ?


J'ai serré la main de Mll Y à ma droite, de l'Ex à ma gauche en demandant si c'était pour vrai. Si je faisais encore parti du réel.


Le décors, les éclairages étaient magnifiques. Des images étaient projetées sur le rideau au fond de la scène, le logo de l'album Neon Bible y apparaissait, de même que des images filmées en directe du spectacles. Arcade Fire. Ils étaient tellement beaux à voir ensemble, si intense, comme s'ils jouaient une dernière fois avant de mourir. Les voix, la musique, tout était juste. D'entendre les coeurs, de voir leurs visages pleins d'émotions, de deviner leur plaisir d'être là, devant nous, c'était magique. Régine était si belle à voir, à danser, sauter partout, comme une enfant heureuse. Les violonistes, une sexy qui danse, ses cuisses musclées qui bougent au rythme des chansons, l'autre qui chante à sa droite, presqu'au bord des larmes. Les échanges d'instruments, Win Butler qui passe de la guitare au piano, du piano à l'orgue, Régine à la batterie, Régine à l'accordéon puis au piano. La foule qui danse, qui chante, sourire aux lèvres, les yeux mouillés, les mains qui se serrent partout. C'était un bel échange entre la scène et les spectateurs. J'ai entendu toutes les chansons que j'espérais, j'ai chanté chaque parole que je connaissais. Une heure et demi qui a passé si vite, si vite. Je ne pensais à rien, j'étais juste là parmi les autres, avec les autres.






Une fois dehors, nous étions plantés en cercle, en fumant une cigarette. Personne ne parlait, notre sentiment mystique ne se transmettait que par les yeux. Plusieurs minutes se sont ainsi écoulés rempli d'un silence pourtant riche de signification. J'ai dû prendre trois quart d'heure pour décanter avant de partir le moteur de ma voiture. L'Ex partageait le même sentiment que moi. C'était le show de notre vie.






Lundi, au travail, j'avais encore la tête pleine de leur musique et de leur voix. Je ne parlais pratiquement pas, je me contentais de sourire et de soupirer, le coeur léger.



O



Merci à Mll Y et à l'Ex qui m'ont accompagnée dans cette journée, la plus belle depuis très longtemps.

6 commentaires:

Cyndie a dit…

tu parles d'une journée
on ressent bien combien t'as eu du plaisir!

Jiji a dit…

Woah ça me donne quasiment envie de commencer à aimer Arcade Fire (sérieux, je ne les connais aucunement)!! Je vois que t'as bien aimé Montréal, quand est-ce que tu reviens?? ;)

Waitress a dit…

Arcade Fire, Montréal et de bons amis, c'est une excellente recette de bonheur, oui ! :)

Jiji: Je sais pas quand est-ce que je vais retourner à Mtl, disons que la route m'a épuisée ! Je prends le temps de récupérer avant certain!!!! Et je vais éviter d'y aller pendant un festival de n'importe quoi, les détours et tout, ça fou la trouille! :)

Jiji a dit…

Ouais, tu viendras au mois de novembre, c'est le seul mois où il n'y a rien qui se passe à Montréal. J'ai déjà travaillé au Centre Infotouriste de Montréal et sérieusement, je suis tombé sur bon nombre d'Européens qui étaient déçus parce qu'il n'y avait rien à faire au mois de novembre (pas encore de neige, pas de festival, beaucoup d'attraits touristiques sont fermés l'hiver, etc.) Kesse tu veux, faut savoir planifier!

caroline.g a dit…

Ôŵ ! Quel récit fantastique ! Ça m'a rappelé le show de ma vie, à moi... Peter Gabriel, au Centre Bell, juillet 2003...

Suis vraiment contente que tu aies trippé comme ça, Waitress ! :o))))

Patrick a dit…

Le nom de la première partie était St-Vincent ou quelque chose d'autre St-Vincent, selon pitchfork. T'a raison le show était fantastique. Un des meilleurs que j'ai vu.