Dimanche, 4h15. Il est si tôt que le ciel n'a pas commencé à bleuir. Un singe hystérique hurle sur la table de chevet. L'Ex s'assoit dans le lit en me donnant un coup de coude. C'est l'heure.
Je me rends jusqu'à la cafetière et entreprend de la mettre en fonction. Je compte les cuillères de café moulu qui atterrissent dans le panier, 1-2-3-4, voyons j'en mets partout, 2-3-4-5.
- Waitress, ce serait pas plus facile si tu allumais la lumière ?
- Non, non, non. 4-4-5-6-7.
- Va prendre ta douche, je m'occupe de préparer le petit déjeuner.
L'eau chaude ruisselle sur mon corps. Je tente de fixer ma pensée sur des trucs simples comme: Comment je m'habille aujourd'hui ? ou encore: Faut que j'appelle Maman pour lui souhaiter une bonne fête des mères. L'épuisement entraîne la non-cohérence de ma pensée. Elle part dans toutes les directions à la fois, sans que je puisse la maîtriser, mon cerveau fabrique des rêves malgré que je sois debout, en train de laver mes cheveux. J'ai fait de l'insomnie la veille, une jolie nuit de 1h30 avant d'aller au travail. Au retour, j'ai tenté sans succès de faire un somme. Et là, je fais la tourniquet après 3h00 de sommeil. Acheter du Red Bull au dépanneur.
À la cuisine, un énorme café, avec beaucoup de lait et un peu de sucre, m'attend sur le comptoir. L'Ex a une mémoire de poisson rouge. Surprise, je constate qu'il se souvient de mes goûts. Je grille des toasts avec un support à la linge, on met la table et nous attaquons le petit déjeuner. Dehors, des oiseaux chantent, à l'est le ciel pâlit.
Je consulte une dernière fois la carte de Montréal pour me donner une idée du chemin à faire une fois le tunnel traversé. La nervosité augmente, je suis complètement éveillée.
Les bagages dans la voiture, je vérifie encore quatre fois que la présence des billets dans mon sac. Je prends le soin d'apporter mes papiers du CAA et ceux de mes assurances. Pas de chances à prendre. En route pour le poste à gaz, Ginette a soif. 40 balles dans le réservoir, du Red Bull et des cigarettes à profusion. Nous sommes prêts.
Et comme Jean Charet, je constate que j'ai oublié un truc. Mon calepin de téléphone, qui contient le numéro de Mll Y, que je dois appeler pour un rendez-vous au Mont-Royal en après-midi.
À 6h30, l'Ex, Ginette et moi traversons le pont. C'est parti. Mon copilote allume mes cigarettes, me flatte la cuisse lorsque j'ai la mâchoire crispée, les jointures blanches.
Première constatation: Si je ne surveille pas le compteur, je roule entre 130 et 140 kilomètres à l'heure. Bref, l'autoroute, c'est agréable et facile. Je dépasse tout le monde, il y a peu de gens sur la route, le soleil est là. Je me calme au fur et à mesure que la voiture s'éloigne de Québec.
Je m'apprête à dépasser une automobile rouge. Lorsque j'arrive à la hauteur du conducteur, celui-ci décide d'aller voir ce qui se passe sur la voie de gauche. Peut-être que le paysage y est plus coquet ? Mon klaxon ne fonctionne pas. Panique, panique, ma tête va vite, je sais qu'il ne faut pas donner de coup de volant, surtout à la vitesse à laquelle je roule. J'appuie doucement sur les freins en me déplaçant vers l'accotement. J'ai peut-être hurlé en même temps, allez savoir. Conducteur fou réalise que je suis là, il retourne à droite, je le dépasse à toute allure, pour être certaine de ne plus avoir affaire à lui. L'Ex prend soin de lui envoyer un superbe finger de ma part. Un bon copilote.

Au loin, j'entrevois des montagnes. Puis le mât du stade olympique. À mesure que Ginette approche de Montréal, je suis de plus en plus nerveuse. Bien vite, mes mains tremblent sur le volant, des spasmes incontrôlables saisissent mes cuisses. Je prends de grandes respirations, crispent tous mes muscles. Ainsi, plus rien ne tremble. Sans m'en apercevoir, je roule dans le tunnel. Je commence à capoter.
- Waitress, calmes-toi, on est déjà au tunnel, ça va super bien.
- Ben oui, ben oui, on est au tunnel, mais en sortant de là, c'est parce qu'on va être DANS Montréal !
- Le monde se lève tard ici, y'aura pas un chat sur le chemin, tu vas voir.
Comme de fait, l'Ex avait raison. Une fois sur Sherbrooke, j'ai croisé environs 7 autos. Les doigts dans le nez. Piece of cake. À 9h30, j'ai coupé le contact; Ginette se tenait bien droite, déjà prête à sortir du stationnement à côté de l'aréna Maurice-Richard.
Je sorts dehors, en sautant et en tapant des mains, fière de moi. J'ai changé de vêtements, puisque ceux que je portais étaient complètement trempés. À partir de ce moment, j'ai pu me concentré sur l'excitation qui me gagnait. Le show commencerait dans 10h30. Décompte amorcé.
7 commentaires:
Bonne fille ! T'as bien fait ça ! Pas facile, la sortie de tunnel, je te l'accorde, mais comme Ex avait raison, à Mourial, ça dort tard le dimanche ! :o)
J'ai hâte de lire la suite !
MOTADITE FOLLE
Je t'aime
:D
Ben coudonc, tu as peur de conduire, tu es insomniaque, tu bois ton café au seau avec beaucoup de lait... On se ressemble plus que je pensais, je regrette de n'être pas venue ici avant, moi! Ah! Sauf que t'écris mieux que moi, bien sûr. Rendons à César etc... ;)
Bravo, la grande!
Merci, merci tout le monde!!! La suite demain matin, promis !!!!!
JH: J'suis pas une mautadite folle, bon! J'suis une criss de folle :P
Prononcé à la chouchou:
Té t'une CHRISSSSSE da foll!
Aaaaah chui toute énervée, j'ai hâte de lire la suite de ta FOLLE aventure :P
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