samedi 17 mars 2007

Histoire d'appartement - la fin

J'emménage dans mon nouvel appartement à la fin du mois. Un grand 4 et demi dans St-Sauveur, au pied du cap, avec une immense galerie où je pourrai facilement stocker une grande table et 12 personnes sans que l'espace semble restreint. Plafonds hauts, grandes fenêtres. Il y a même un petit escalier tout ce qu'il y a de plus coquet qui part de la cuisine pour mener aux deux chambres. Et ce, à prix modique. J'ai repris confiance en la vie !

Donc, après avoir signé mon nouveau bail, qui débute tout de même trois mois avant que l'autre arrive à échéance, je me suis dit qu'il faudrait que je trouve quelqu'un pour me remplacer dans mon 3 et demi. Ma conclusion ? Les petites annonces au Journal de Québec, ça marche ! Entre 8h00 et 23h00 pendant une semaine complète, communiquer avec moi demandait patience et courage. J'ai compris pourquoi les gens qui disent "Désolé, c'est loué" on toujours l'air bête. C'est parce qu'ils le répètent entre 13 et 19 fois de l'heure. Au début, j'ai mis beaucoup de volonté à être sincèrement désolée, mais je vous avoue que la quatrième personne qui vous déclare un "Ahhhhhh c'est dommage" a le don de vous faire saigner du nez.

Somme toute, mon appartement n'a pas été facile à refiler à quelqu'un­. C'est vieux, ordinaire et sans cachet et dispendieux. J'ai eu droit à toute sorte de visiteurs. Certains qui ne me croyaient pas lorsque j'affirmais qu'il y avait de la pression dans la douche, d'autres qui passaient des commentaires sur mon choix de vêtements dans le garde-robe.

Mais je vais toujours me souvenir de la visite de M. Nolin. Je reviens du travail. Vingt-deux nouveaux messages. Dont huit étaient de M. Nolin. Pas le temps de retourner mes appels que sa soeur me téléphone pour prendre rendez-vous dans quinze minutes. Je m'excuse d'avance pour la vaisselle qui n'est pas faite et je les attends.

J'ouvre la porte et que vois-je ? Un monsieur du genre... j'appelle ça un pas fin. Sa soeur prend tout de suite la peine de me dire que c'est elle qui signe le bail et qu'elle s'occupe de ses finances.

- Mais vous allez voir, commode, pas dérangeant pentoute.

Je me fiche pas mal de mon successeur, l'important c'est que je trouve quelqu'un qui paiera à ma place. Tant pis si Madame Carreau, la voisine, trouve le temps long.

Monsieur Nolin a aimé deux choses dans mon appartement. La véranda qui donne sur les enfants du bloc d'en arrière et mon chat. Au lieu de regarder ce que je lui montrais, il courrait après pour le flatter. Nous sommes dans la cuisine. La grande soeur bienveillante aperçoit un cendrier sale. Ton accusateur:

- Vous fumez, mademoiselle ?
- Oui.
- Heil ! Félicitations, ça sent même pas la cigarette chez vous !

J'espère... J'ai tendance à faire brûler des bâtons d'encens avant d'avoir de la visite; ça rend les gens plus zen et mon chat est plus tranquille...

Une fois au sous-sol, alors que je montre le locker, on entend un bruit d'eau.
- Ya un lavabo en bas ?
- Euh non.
- Ben ya de l'eau qui coule.
- Je pense pas. C'est pas supposé.

Je m'approche du bruit, la famille Nolin pas très loin derrière. Je me suis retrouvée les deux pieds dans l'eau. Zut, ils venaient tout juste de me dire qu'ils étaient intéressés. Pas besoin d'ajouter qu'ils n'ont pas rappelé.

Dans les visites traumatisantes, celle qui a fracassé tous les records, c'est Lisette. Femme début quarantaine, un peu étrange avec son manteau de fourrure et sa queue de cheval sur le côté. Elle entre et passe d'elle-même au salon. Sans enlever ses souliers. Déjà, je ne l'aime pas.

Elle me raconte qu'elle adore les antiquités. Qu'elle vient de s'acheter un beau coffre ancien et me donne tout les détails sur sa restauration. Une fois dans la chambre, elle chiale que c'est trop petit. Que ses meubles ne pourront jamais entrer là-dedans. Pourtant, la chambre est immense. Dans la salle de bains, elle ouvre la pharmacie et lâche un "Tabarnak". L'index vers mes médicaments, elle n'en revient pas de mon assortiment de pilules. Ça l'air que j'en ai encore plus qu'elle. J'ai déjà été malade, ce sont des fonds de pots que je garde au cas où des symptômes reviendraient. Mais je n'apprécie pas beaucoup son indiscrétion. Elle adore la cuisine. Et la véranda. Elle pourra y laisser sa collection de manteau de fourrure. Nous revenons à la cuisine. Elle commande un verre d'eau et me demande si elle peut s'asseoir, juste après qu'elle se soit installée à la table.

Et là, Lisette me raconte sa vie. J'apprends qu'elle habite dans un foyer d'aide de je ne sais quoi. Qu'elle s'est fait mettre dehors de son logement parce que son propriétaire est un trou de cul. Que sa coloc de chambre est bipolaire et schizophrène. Que son chum vit en Alberta. Elle me dit comment elle a décorer son ancien appartement. Qu'elle a tout perdu. À ce moment, ses yeux rougissent. Je ne sais plus quoi faire. Une femme que je ne connais pas pleure sur le coin de ma table de cuisine. Ma mère ne m'a pas enseignée ce que l'étiquette exige dans ces situations. Je ne veux pas la froisser, mais je dois aller travailler. Mais elle est si malheureuse, que je n'ose même pas lui dire et je l'écoute. Pauvre femme. Je lui ai remis le faux numéro de mon propriétaire. Mais je l'ai écoutée.

En partant, elle m'a remerciée. Elle n'a jamais vu le sous-sol. Et Lisette est restée 45 minutes chez moi. Pour visiter un trois pièces. En fait, je la soupçonne de ne pas être à la recherche d'un appartement. Juste d'un lieu à squatter quelques temps pour se sentir moins seule.

Bonne chance, Lisette.

7 commentaires:

Maiken a dit…

mdr! Mon dieu que j'adore tes élucubrations, si j'étais psy jt'aurait demandé le numéro de ta lisette..;) Eille weird le présumé pédo avec la cours pis les kids...:S!Mais bon, heureux de voir que t'as trouver ce qu'il te fallait! C dans quel coin finalement?

Jeune Homme a dit…

C'est a côté de chez moi ;)

Maiken a dit…

getthoisation power!

Waitress a dit…

Non! Gangster of love power! Les deux dans le même quartier, attention ;)

Maiken a dit…

Les ptits vieux et les étinérents en reviendrons pas :P lol

Waitress a dit…

Ahhhh!!!! Maiken, voyons !
On a quand même un peu plus de classe que ça !
Pour qui tu nous prends !?!

Maiken a dit…

Jdéconne, y faudra bien que tu t'y fasse :P. Mais non je ne sous-estime en rien votre gangstappeal ;)