La Waitress avait besoin d'une pause, l'hiver dernier. Le cafard prenait trop d'espace dans sa tête, l'impression d'un quotidien plat l'emportait sur l'envie de raconter. Du repos, du temps avec les copains. La neige a finit par fondre, le soleil a ramené la chaleur sur la ville.
Puis un cambrioleur est débarqué à la maison. Parti avec l'ordinateur et quatre filets de saumon. Résultat : Un été à jouer dehors et un formidable boycott du poisson. Du temps dans l'eau, des rencontres, un nouveau job. Une belle saison. La tête s'est débarrassée du côté sombre.
Dans les derniers jours, un nouveau portable. L'automne qui s'amène, avec les foulards et les mitaines.
Et si la Waitress effectuait un retour ?
vendredi 10 octobre 2008
mardi 8 janvier 2008
Du temps au soleil
Jeudi, 18h00. Il fait froid, - 12 000 environs. Le moteur de la voiture tourne depuis quelques minutes. Se sauver. Je lance mon sac dans le coffre arrière, m'installe au volant. Faire le plein et fuir Québec, l'espace de trois jours. N'ai avisé personne. Pourtant le week-end était planifié avec des copains. Le répondeur débranché. Waitress injoignable. La paix, la paix, la paix.
Je survole le fleuve, encore quelques kilomètres d'autoroute avant de tourner sur la route agricole qui aboutira sur Thetford. Le froid pénètre l'automobile, comme si la carrosserie perdait son étanchéité dès que j'atteins les grandes vitesses.
Les sapins sont chargés de neige, ils ont finit par baisser leurs longs bras. Les conifères ont abdiqué devant l'hiver. Je pense. C'est étrange de rouler et de reconnaître les arbres en bordure du chemin. De vieux copains qui attendent là, pour me dire quelle distance il reste à franchir. Plein d'étoiles dans le ciel. Un moment, je dévale les collines avec la Grande Ourse qui brille fort devant moi.
Je traverse la ville pour poursuivre vers la campagne, vers l'immense montagne qui domine le paysage de la maison familiale. P'tit frère est là, avec sa blonde. Ma soeur. Et la mère. Avec un souper qui m'attends, un plat mijoté longtemps, longtemps.
Trois jours de douceur. De ballade en forêt, de rire et de jeux. Du temps sucré, comme un baume pour le coeur.
vendredi 28 décembre 2007
Toujours là !
Non, ceci n'est pas la mort d'un blog.
Travaillant un peu moins depuis le 22 décembre dernier, la Waitress tente de rattraper un mois de vie sociale afin d'avoir de nouvelles anecdotes à raconter. Avec quelques pauses de sommeil, pour faire disparaître le noir sous mes yeux.
Mon nouveau regain d'énergie m'a permis de trouver assez d'audace pour demander deux jours de congé par semaine. Patron un peu perplexe se demande pourquoi j'en ai besoin. Et réfléchit à la question. Au moins j'aurai tenté quelque chose...
Travaillant un peu moins depuis le 22 décembre dernier, la Waitress tente de rattraper un mois de vie sociale afin d'avoir de nouvelles anecdotes à raconter. Avec quelques pauses de sommeil, pour faire disparaître le noir sous mes yeux.
Mon nouveau regain d'énergie m'a permis de trouver assez d'audace pour demander deux jours de congé par semaine. Patron un peu perplexe se demande pourquoi j'en ai besoin. Et réfléchit à la question. Au moins j'aurai tenté quelque chose...
mardi 18 décembre 2007
On y est presque !
Mardi, mercredi, jeudi et vendredi. Quatre petits jours à traverser pour atteindre le congé. Quatre petites jours et je reprendrai un rythme qui me permettra de faire autre chose que de travailler.
Alors, je l'annonce en grande primeur : Waitress arrivera à Noël en même temps que tout le monde !
Alors, je l'annonce en grande primeur : Waitress arrivera à Noël en même temps que tout le monde !
vendredi 14 décembre 2007
Mésaventure au pôle nord
En compagnie du Jeune Homme, à l'épicerie du quartier. Nous devons faire les courses rapidement avant d'aller chercher le Réceptionniste qui se joindra à nous pour le souper. Après quinze minutes de tergiversations, nous convenons d'une soirée petites bouchées. Brushetta, escargots au Ricard, fromages, pâté, proscuitto et melon, roulades de saumon fumé, et crevettes cocktails.
Puisque nous effectuons le tout avec la faim au ventre, le budget est vite dépassé. Tant pis.
Nous ramenons les nombreux sacs à la voiture. Je tente d'ouvrir le coffre arrière. Pépin. GROS pépin. Dans ma main, une clé cassée. La même qui débarre les portes de l'automobile, la même qui sert à mettre le contact. Panique.
Waitress : Non, non, non, NON.
Jeune Homme, le corps plein de spasmes pour cause de rire : J'avoue que c'est le genre de truc qui t'arrive tout le temps !
En secret, je tente de refouler mes larmes, ma rage. Juste envie de crier, donner des coups de pieds à ma foutue bagnole; tannée de ces mésaventures à la con, n'en peux plus, la vie, le sort, le destin, le bon Dieu ou je sais pas quoi qui s'acharne sans répit sur moi. Un break. S'il-vous-plaît.
JH : T'as une autre clé ?
Waitress : Oui.
JH : Où ça ?
Waitress : Chez moi...
Avec nos bottes comme moyen de transport, nous prenons la route vers l'appartement. Dans une soirée de - 72 000 °C. Et dire que la Waitress a oublié son foulard sur le crochet derrière la porte d'entrée...
Puisque nous effectuons le tout avec la faim au ventre, le budget est vite dépassé. Tant pis.
Nous ramenons les nombreux sacs à la voiture. Je tente d'ouvrir le coffre arrière. Pépin. GROS pépin. Dans ma main, une clé cassée. La même qui débarre les portes de l'automobile, la même qui sert à mettre le contact. Panique.
Waitress : Non, non, non, NON.
Jeune Homme, le corps plein de spasmes pour cause de rire : J'avoue que c'est le genre de truc qui t'arrive tout le temps !
En secret, je tente de refouler mes larmes, ma rage. Juste envie de crier, donner des coups de pieds à ma foutue bagnole; tannée de ces mésaventures à la con, n'en peux plus, la vie, le sort, le destin, le bon Dieu ou je sais pas quoi qui s'acharne sans répit sur moi. Un break. S'il-vous-plaît.
JH : T'as une autre clé ?
Waitress : Oui.
JH : Où ça ?
Waitress : Chez moi...
Avec nos bottes comme moyen de transport, nous prenons la route vers l'appartement. Dans une soirée de - 72 000 °C. Et dire que la Waitress a oublié son foulard sur le crochet derrière la porte d'entrée...
Libellés :
Gaucherie,
Histoire de neige,
Jeune Homme,
Pétage de cosh
mardi 11 décembre 2007
De la survie
Depuis le 2 décembre dernier, la Waitress a entrepris une longue série de jours de travail sans repos. Prochain congé : 22 décembre. Le tout ponctué de double, bien entendu. Vous m'excuserez de trouver peu de temps pour passer par ici vous raconter ce qui se passe dans mes journées.
Lorsque je trouve un peu de temps devant moi, je relis ces quelques conseils que j'avais gracieusement offerts aux workolics de ce monde, il y a quelques mois. L'ennui, c'est qu'ils ne fonctionnent plus très bien. La machine est épuisée depuis longtemps, il aurait fallu de véritables vacances pour que mes anciens trucs restent efficaces !
Je fais donc appel à vous. Que puis-je ajouter à cette liste pour survivre jusqu'à Noël ? Si jamais je réussis l'expérience, sachez que j'aurai de merveilleux textes à pondre. Souper avec le Jeune Homme et le Réceptionniste, histoire de travail et des nouvelles de Joli Minois...
Aidez-moi, je vous en supplie !
Lorsque je trouve un peu de temps devant moi, je relis ces quelques conseils que j'avais gracieusement offerts aux workolics de ce monde, il y a quelques mois. L'ennui, c'est qu'ils ne fonctionnent plus très bien. La machine est épuisée depuis longtemps, il aurait fallu de véritables vacances pour que mes anciens trucs restent efficaces !
Je fais donc appel à vous. Que puis-je ajouter à cette liste pour survivre jusqu'à Noël ? Si jamais je réussis l'expérience, sachez que j'aurai de merveilleux textes à pondre. Souper avec le Jeune Homme et le Réceptionniste, histoire de travail et des nouvelles de Joli Minois...
Aidez-moi, je vous en supplie !
vendredi 7 décembre 2007
Waitress commence à répondre...
Waitress au travail. Le restaurant est fermé, les serveurs font le ménage au plus vite pour quitter l'endroit. Patron dîne au comptoir. Entre deux bouchés, il passe des commentaires sur chacun de nous.
Patron: J'dois pas être si pire que ça, y'a Waitress que j'ai encore jamais fait pleurer.
Waitress: Parce que j'attends d'être chez nous pour brailler...
Patron la bouche ouverte. Pas un mot. Et le réconfort des sourires silencieux de mes collègues.
mardi 4 décembre 2007
Waitress l'indiscrète
3h00 du mat. La Waitress marche vers l'appartement, après une soirée de boisson passée chez Jeune Homme. De gros flocons tombent sur la ville, étouffent les bruits. L'impression que le temps est suspendu, que le reste du monde est sur "pause". Que la neige et moi en mouvance.
À quelques rues de mon lit, j'entends quelqu'un crier. Je m'arrête.
- Si j'étais en dedans, tu fourrais avec, j'le sais.
- Arrête.
- T'es une crist de salope. Une pute. Vieille vache.
Je m'approche d'une fenêtre. Vitre et rideau fermés. Tandis que l'homme insulte sa conjointe, elle chante. Pas de parole, juste un air triste et doux. Pour ne plus l'entendre. Pour faire de sa voix une couverture chaude et rassurante.
Waitress pétrifiée sur le trottoir. La scène me ramène dans le passé, j'ai mal pour cette femme. Pour moi.
J'ai frappé à la fenêtre. Un grand coup. Et je me suis sauvée sans regarder derrière.
À quelques rues de mon lit, j'entends quelqu'un crier. Je m'arrête.
- Si j'étais en dedans, tu fourrais avec, j'le sais.
- Arrête.
- T'es une crist de salope. Une pute. Vieille vache.
Je m'approche d'une fenêtre. Vitre et rideau fermés. Tandis que l'homme insulte sa conjointe, elle chante. Pas de parole, juste un air triste et doux. Pour ne plus l'entendre. Pour faire de sa voix une couverture chaude et rassurante.
Waitress pétrifiée sur le trottoir. La scène me ramène dans le passé, j'ai mal pour cette femme. Pour moi.
J'ai frappé à la fenêtre. Un grand coup. Et je me suis sauvée sans regarder derrière.
samedi 1 décembre 2007
Du pouvoir de l'argent
Vendredi, 15h00. Un couple d'amis du Patron installé au bar. Termine une bouteille de vin. Des clients réguliers, que j'aime bien. Tandis que je range le plats d'agrumes, que je nettoie la machine à espresso, nous discutons de choses et d'autres. Sans trop savoir comment nous en sommes arrivés là, ils me parlent de leur fils qui s'est suicidé il y a deux ans. Je les écoute, les encouragent à poursuivre la discussion. Comme si je sens que c'est important qu'une étrangère le fasse, qu'ils en ont besoin.
Ils passent la porte du restaurant une heure plus tard. En me remerciant pour la conversation. Je leur dis que ça m'a fait plaisir, en toute sincérité.
Homme : C'est rare qu'on puisse parler comme ça, pour vrai, dans un café. On apprécie.
Un gros pourboire laissé derrière eux. Waitress mal à l'aise. L'impression d'avoir été payée pour faire l'oreille. Alors que j'aurais fait la même chose, punchée out, assise à siroter un café à leur côté.
Comme quoi les gens sont si malades qu'ils tiennent même à monnayer l'empathie.
Ils passent la porte du restaurant une heure plus tard. En me remerciant pour la conversation. Je leur dis que ça m'a fait plaisir, en toute sincérité.
Homme : C'est rare qu'on puisse parler comme ça, pour vrai, dans un café. On apprécie.
Un gros pourboire laissé derrière eux. Waitress mal à l'aise. L'impression d'avoir été payée pour faire l'oreille. Alors que j'aurais fait la même chose, punchée out, assise à siroter un café à leur côté.
Comme quoi les gens sont si malades qu'ils tiennent même à monnayer l'empathie.
mercredi 28 novembre 2007
Envie de repos
Waitress en pleine errance dans les rues de la Basse-Ville. Avec le froid qui attaque le corps, qui embue les yeux et force le pas plus rapide. Il fait nuit, tout est calme. Je regarde vivre les autres en passant devant les fenêtres aux rideaux minces, aux stores entrouverts. L'heure est au souper, ça sent la soupe et la friture dehors.
Je repasse ma journée de travail. Beaucoup de clients, avec peu de temps devant eux, et cette lassitude dans le corps. Je n'arrive plus à dormir plus de quatre heures, les muscles et le cerveau se fatiguent. Waitress et un besoin de vacances. Ou d'un congé normal. 24h00 à moi dans une semaine, ce n'est pas suffisant. Et le collègue qui demande que je le remplace deux week-end consécutifs en décembre... Pas le choix de le faire, suis la seule disponible. Je n'arrive jamais à dire non. Trois semaines sans repos à l'horizon. Il faut que je dorme d'ici là. Et qui me remplacera, moi ?
Pendant le rush, tandis que je baladais des assiettes avec un flagrant manque d'entrain, l'envie de laisser tomber la vaisselle. De la regarder se fracasser sur le plancher. Voir les morceaux de porcelaine s'éparpiller entre les pieds des clients. De salir les beaux manteaux accrochés aux dossiers de chaises. Voir Patron courir vers moi pour m'engueuler. De le laisser me traiter d'incompétente. Lui donner raison et partir, passer la porte avec un salut de la main.
Je me voyais déjà, chez moi, avec un chèque de chômage au coin de la table. Avec du temps pour faire ce dont j'ai envie, avec tout le temps du monde pour me reposer.
Alors j'ai continué. Le rush a passé, j'ai pris ma voiture et regagné l'appartement. Il fait nuit, froid. Dehors, ça sent la soupe et la friture.
Je repasse ma journée de travail. Beaucoup de clients, avec peu de temps devant eux, et cette lassitude dans le corps. Je n'arrive plus à dormir plus de quatre heures, les muscles et le cerveau se fatiguent. Waitress et un besoin de vacances. Ou d'un congé normal. 24h00 à moi dans une semaine, ce n'est pas suffisant. Et le collègue qui demande que je le remplace deux week-end consécutifs en décembre... Pas le choix de le faire, suis la seule disponible. Je n'arrive jamais à dire non. Trois semaines sans repos à l'horizon. Il faut que je dorme d'ici là. Et qui me remplacera, moi ?
Pendant le rush, tandis que je baladais des assiettes avec un flagrant manque d'entrain, l'envie de laisser tomber la vaisselle. De la regarder se fracasser sur le plancher. Voir les morceaux de porcelaine s'éparpiller entre les pieds des clients. De salir les beaux manteaux accrochés aux dossiers de chaises. Voir Patron courir vers moi pour m'engueuler. De le laisser me traiter d'incompétente. Lui donner raison et partir, passer la porte avec un salut de la main.
Je me voyais déjà, chez moi, avec un chèque de chômage au coin de la table. Avec du temps pour faire ce dont j'ai envie, avec tout le temps du monde pour me reposer.
Alors j'ai continué. Le rush a passé, j'ai pris ma voiture et regagné l'appartement. Il fait nuit, froid. Dehors, ça sent la soupe et la friture.
Libellés :
Mauvaises habitudes,
Repos,
Travail de Waitress
lundi 26 novembre 2007
Al Bee
Il arrive un moment où le sommeil solitaire devient lourd pour les éternels célibataires. Plus qu'une histoire de lit trop grand, trop vide, trop froid, c'est la chair qui appelle à un peu d'amour. Enfant, on nous serre toujours contre de grands corps, des lèvres humides dans le cou, des mains qui nous chattouillent et ébouriffent les cheveux. Puis on nous dit que nous sommes vieux pour se faire cajoler, bercer. Sevrage d'affection.
La Waitress vit un important épisode d'insomnie. J'ai beau lire, prendre un bain, boire du lait chaud, je me résigne à regarder passer les heures de la nuit. Lorsque je me retrouve à dormir avec quelqu'un par contre, je trouve le sommeil en quelques minutes. Comme si la chaleur du corps qui m'enveloppe me rassure, me comble et vient détendre cette tête qui pense sans arrêt.
J'en ai discuté avec Al Bee, l'été dernier. Lui aussi connaît le même trouble. M'a confié qu'il laisse souvent la télévision allumée, pour se faire croire qu'il n'est pas seul dans son appartement. Moi aussi. Je me laisse une lumière en permanence au salon. Pour me laisser croire qu'une personne m'attend le soir, au retour à la maison.
Un accord entre nous. Lorsque la solitude devient intolérable, qu'elle creuse nos yeux et prive du repos, un coup de fil. Viens-tu dormir avec moi ?
Au bar, plusieurs pensent que nous sommes un couple. Parce que nous quittons l'endroit enlacés, en souriant. Contents de savoir que la nuit sera douce, calme et chaude. Qu'au matin, on pourra partager un café et une cigarette et prolongé la suspension du temps.
Parfois, on s'embrasse, on se caresse. Rien de plus. Ce qu'on aime, c'est dormir en cuillère ensemble, peau contre peau. Sorte de relation platonique qui comble les besoins affectifs sans faire de mal à personne.
Samedi, nous étions invités à bruncher chez un ami commun. Alors que nous fumions une cigarette sur le balcon, en grelottant, un peu saoul après avoir bu deux bouteilles de champagne et une bouteille de vin avant d'avaler quoi que ce soit de solide.
- Waitress, je me demandais pourquoi je suis pas amoureux de toi, cette semaine.
- Je sais pas. Moi non plus, j'arrive pas à tomber amoureuse de toi. Pourtant on est bien ensemble.
- Oui.
On s'est serré fort dans nos bras. On s'est embrassé un peu. Éclat de rire avant de rejoindre les autres. On se sent stupide.
Al Bee. C'est plein de tendresse que j'ai pour lui. On ne se demande jamais rien. On passe le temps côte à côte. Pour se libérer des souffrances avant qu'elles ne nous étouffent, pour apprendre à regarder la lune, la nuit, et la trouver seulement belle dans sa rondeur.
La Waitress vit un important épisode d'insomnie. J'ai beau lire, prendre un bain, boire du lait chaud, je me résigne à regarder passer les heures de la nuit. Lorsque je me retrouve à dormir avec quelqu'un par contre, je trouve le sommeil en quelques minutes. Comme si la chaleur du corps qui m'enveloppe me rassure, me comble et vient détendre cette tête qui pense sans arrêt.
J'en ai discuté avec Al Bee, l'été dernier. Lui aussi connaît le même trouble. M'a confié qu'il laisse souvent la télévision allumée, pour se faire croire qu'il n'est pas seul dans son appartement. Moi aussi. Je me laisse une lumière en permanence au salon. Pour me laisser croire qu'une personne m'attend le soir, au retour à la maison.
Un accord entre nous. Lorsque la solitude devient intolérable, qu'elle creuse nos yeux et prive du repos, un coup de fil. Viens-tu dormir avec moi ?
Au bar, plusieurs pensent que nous sommes un couple. Parce que nous quittons l'endroit enlacés, en souriant. Contents de savoir que la nuit sera douce, calme et chaude. Qu'au matin, on pourra partager un café et une cigarette et prolongé la suspension du temps.
Parfois, on s'embrasse, on se caresse. Rien de plus. Ce qu'on aime, c'est dormir en cuillère ensemble, peau contre peau. Sorte de relation platonique qui comble les besoins affectifs sans faire de mal à personne.
Samedi, nous étions invités à bruncher chez un ami commun. Alors que nous fumions une cigarette sur le balcon, en grelottant, un peu saoul après avoir bu deux bouteilles de champagne et une bouteille de vin avant d'avaler quoi que ce soit de solide.
- Waitress, je me demandais pourquoi je suis pas amoureux de toi, cette semaine.
- Je sais pas. Moi non plus, j'arrive pas à tomber amoureuse de toi. Pourtant on est bien ensemble.
- Oui.
On s'est serré fort dans nos bras. On s'est embrassé un peu. Éclat de rire avant de rejoindre les autres. On se sent stupide.
Al Bee. C'est plein de tendresse que j'ai pour lui. On ne se demande jamais rien. On passe le temps côte à côte. Pour se libérer des souffrances avant qu'elles ne nous étouffent, pour apprendre à regarder la lune, la nuit, et la trouver seulement belle dans sa rondeur.
dimanche 25 novembre 2007
Le manteau blanc
Hiver. Dehors, la neige recouvre désormais la ville de Québec. Pas de goût de soleil, ni de terrasse. Comme si la Waitress souhaitait la bienvenue à la nouvelle saison. Que le froid qui engourdit ses doigts et ses orteilles la tire de la torpeur qui la tient depuis quelques semaines. Que le blanc va bien à la Vieille Capitale, comme à son coeur.
Une envie de marcher, de sentir l'air frais dans mes poumons. D'observer le nouveau décor.
Dans mon quartier, les voisins commencent à installer les lumières de Noël aux fenêtres. Le soir, les couleurs clignotent et se reflètent sur la glace des trottoirs. Petite angoisse.
Cette année, mes parents ne seront pas au pays pour Noël. Ma petite soeur les accompagnera. Frérot ira dans la famille de sa copine. Et la Waitress ? Elle ne sait pas. Pas d'amoureux à accompagner dans une famille étrangère. Les deux restaurants pour lesquels je bosse seront fermés, pas la possibilité d'aller y tromper le temps.
La volonté d'inviter des amis à souper et fêter chez moi. Avec un vrai sapin, du champagne et quelques cadeaux. La Française se rend quelques part au Lac St-Jean, Al Bee qui a prévu être chez d'autres amis, le Jeune Homme qui donne peu de nouvelles depuis l'été, Mâle Alpha qui préfère se tenir loin de moi pour protéger son coeur. Les autres qui verront Papa, Maman et les Matantes. Et si je me retrouve seule ?
Impression de solitude. Avec la peur de la confronter. Je regarde la neige tomber sur la ville en maudissant cet esprit des Fêtes qui me gagne pour la première fois depuis des années.
Une envie de marcher, de sentir l'air frais dans mes poumons. D'observer le nouveau décor.
Dans mon quartier, les voisins commencent à installer les lumières de Noël aux fenêtres. Le soir, les couleurs clignotent et se reflètent sur la glace des trottoirs. Petite angoisse.
Cette année, mes parents ne seront pas au pays pour Noël. Ma petite soeur les accompagnera. Frérot ira dans la famille de sa copine. Et la Waitress ? Elle ne sait pas. Pas d'amoureux à accompagner dans une famille étrangère. Les deux restaurants pour lesquels je bosse seront fermés, pas la possibilité d'aller y tromper le temps.
La volonté d'inviter des amis à souper et fêter chez moi. Avec un vrai sapin, du champagne et quelques cadeaux. La Française se rend quelques part au Lac St-Jean, Al Bee qui a prévu être chez d'autres amis, le Jeune Homme qui donne peu de nouvelles depuis l'été, Mâle Alpha qui préfère se tenir loin de moi pour protéger son coeur. Les autres qui verront Papa, Maman et les Matantes. Et si je me retrouve seule ?
Impression de solitude. Avec la peur de la confronter. Je regarde la neige tomber sur la ville en maudissant cet esprit des Fêtes qui me gagne pour la première fois depuis des années.
jeudi 22 novembre 2007
De l'art du courtisage
Un jour, Dieu créa le monde, puis les êtres humains. Comme la beauté, la classe et le respect furent distribués au hasard.
Il est 11h00. J'allume le néon "ouvert" dans la porte du restaurant. Deux hommes d'une cinquantaine d'années entrent et s'assoient au bar. Visages burinés, larges mains aux ongles noirs et vestes à carreaux. Sans doute des travailleurs manuels.
Deux cafés. Je fais couler un silex, apporte les tasses. Au bout de quelques minutes, je reviens avec la cafetière, propose un réchaud.
- Si tu veux me réchauffer, tu peux t'asseoir sur mes genoux.
Waitress se contente de soulever le sourcil droit et vire de bord.
- Heil Menou ! Tu veux me faire payer maintenant, Menou ?
Mouais. Menou t'amène la facture, tu vas crisser ton camp plus vite.
*
Il est 11h00. J'allume le néon "ouvert" dans la porte du restaurant. Deux hommes d'une cinquantaine d'années entrent et s'assoient au bar. Visages burinés, larges mains aux ongles noirs et vestes à carreaux. Sans doute des travailleurs manuels.
Deux cafés. Je fais couler un silex, apporte les tasses. Au bout de quelques minutes, je reviens avec la cafetière, propose un réchaud.
- Si tu veux me réchauffer, tu peux t'asseoir sur mes genoux.
Waitress se contente de soulever le sourcil droit et vire de bord.
- Heil Menou ! Tu veux me faire payer maintenant, Menou ?
Mouais. Menou t'amène la facture, tu vas crisser ton camp plus vite.
*
Dans ma section, un client régulier. Il passe environs deux midis par semaine avec moi. Un homme en complet, fin quarantaine, bon sens de l'humour. Sauf lorsqu'il boit. Ce qui est le cas aujourd'hui. Il en est à son septième verre de vin lorsque je lui apporte l'addition. Une maladresse de ma part et je fais tomber un panier de crèmettes à café. Je me penche, ramasse le tout en m'excusant.
- Ça mérite une fessée ça, ma belle.
Je me relève et le regarde d'un oeil mauvais. Patron qui entend tout.
- Attention, je donne droit à mes serveuses de frapper les clients non-respectueux.
- Ça me plaît, ça me plaît, la fessée mutuelle.
*
Au bar, un autre régulier. Il a appris que je suis célibataire. Chaque fois que je me retrouve derrière le comptoir pour couler une bière en fût ou un allongé, il me crie son numéro de téléphone. 555-5052. Lâche pas, mon homme.
*
À la 18, deux hommes lunchent ensemble. Professeurs à l'université Laval en science politique. Après deux pintes de bière et trois verres de vin chacun, ils passent au Calvados. Monsieur au foulard rouge ne peut s'empêcher de me flatter le bras lorsque je vais à leur table. Et même si je me tasse, il recommence. Me pose des questions sur mes études. Je raconte que j'ai dû mettre fin à mon Bac après une pénurie d'argent, que j'aimerais peut-être retourner sur les bancs d'école.
- Ça te prend un sugar dady, quelqu'un comme moi.
Humm. Pas certaine.
À la machine Intérac pour son paiement, il me prend par les hanches, me colle ses lèvres sur la joues et me serre contre son corps. Beurk.
*
Un dîné payant pour la Waitress, oui. Mais deux heures un peu moches, quand même. Heureusement, il existe sans doute des gens timides parmi mes clients...
Libellés :
Histoire de fille,
Les connards,
Travail de Waitress
lundi 19 novembre 2007
Des joies de l'hiver
Vendredi, après le boulot, direction Thetford. Terminé une grosse semaine au resto. Atteinte de façon profonde de la gastro, avec des doubles qui ne finissaient pas et beaucoup de clients avec ça, Waitress est crevée. Achète deux Red Bull au dep, en ouvre un avant de mettre le contact et je fonce vers les ponts. J'ai eu une invitation à me joindre à un souper, avec les filles que je fréquentais au secondaire. Je ne les ai pas vu depuis quatre ou cinq ans.
Nerveuse de les retrouver. Je sais qu'elles ont continué à se fréquenter, alors que moi, la vie m'a conduite ailleurs. Qu'est-ce que j'aurai à leurs raconter ? Est-ce que je serai exclue des conversations, ou bien ce sera comme auparavant ?
Il n'est que 16h00, peu de trafic encore. Ginette, ma Sunfire blanche, passe par-dessus le fleuve en un rien de temps. Je devrais être au domicile familial d'ici 1h00. Moran dans les oreilles, une clope au bec avec une gorgée de jus énergisant. Je quitte l'autoroute, prends une route agricole.
Surprise, je constate qu'il y a un peu de neige dans les champs. De petits flocons tombent doucement, recouvrent les arbres dégarnis. Paysage bien joli qui me donne un avant-goût de Noël. Waitress au coeur léger, du vent et de l'hiver.
J'arrive à St-Gilles. La neige commence à s'accumuler sur la route, il fait noir. En certains endroits, ma voiture glisse sur l'asphalte. Waitress un peu plus nerveuse. Je baisse le volume, cesse de chanter. De grosses rafales de vent, pleine de merde blanche viennent me cacher le chemin lorsque je passe devant les champs.
Plus j'avance, plus c'est difficile. La vitesse diminue, je suis à 80 kilomètre heure. Personne ne me dépasse, six voitures restent sagement derrière moi. Merde. Merde, merde, MERDE.
J'ai acheté ma voiture en janvier dernier. Tout au long de cet hiver, dès qu'il neigeait, je choisissais l'autobus. Ou le taxi. Hors de question de m'aventurer avec mon auto. Sauf que là, je me retrouve prise dans une tempête de neige, au milieu de nul part. Et si je virais de bord ? Non, stupide, il me faudrait refaire tout le chemin, pour arriver en plein embouteillage à Québec. Waitress continue.
À 50 kilomètre heure. Toujours personne qui me double. Seule dans ma voiture, en panique. Les courbes sont ardues, je dérape partout, malgré des pneus d'hiver presque neufs. Je croise sans cesse des voitures à cheval sur la ligne jaune, qui refusent de se tasser pour me donner une chance, qui aspergent mon pare-brise de gadoue. En actionnant les essuies-glace, je me souviens qu'il est temps que je les change. Ils ne fonctionnent plus très bien. Déjà que le vent me rendait la visibilité très réduite, j'arrive seulement à voir la route entre deux traces de slush brune. Bravo.
Pourquoi je n'écoute pas les bulletins météorologiques, comme tout le monde ?
Et elles sont où, les foutues grattes qui devraient m'ouvrir le chemin en laissant des traces de garnotte ?
Dès que je touche la pédale de frein, la voiture dérape. Dès que je touche l'accélérateur pour monter les côtes, je dérape. Waitress qui chiale, les jointures blanches sur le volant, le corps crispé.
Deux heures. Il m'a fallu deux heures pour gagner la maison de mes parents. J'ai les bras, les épaules et les trapèzes endoloris. J'ouvre la porte. La première chose que je demande, c'est une bière ou un verre de vin. Quelque chose pour m'aider à décanter.
C'est mieux d'être plaisant, le souper de filles. Si j'ai risqué ma vie, c'est pas pour me faire chier une soirée de temps. Certain.
Nerveuse de les retrouver. Je sais qu'elles ont continué à se fréquenter, alors que moi, la vie m'a conduite ailleurs. Qu'est-ce que j'aurai à leurs raconter ? Est-ce que je serai exclue des conversations, ou bien ce sera comme auparavant ?
Il n'est que 16h00, peu de trafic encore. Ginette, ma Sunfire blanche, passe par-dessus le fleuve en un rien de temps. Je devrais être au domicile familial d'ici 1h00. Moran dans les oreilles, une clope au bec avec une gorgée de jus énergisant. Je quitte l'autoroute, prends une route agricole.
Surprise, je constate qu'il y a un peu de neige dans les champs. De petits flocons tombent doucement, recouvrent les arbres dégarnis. Paysage bien joli qui me donne un avant-goût de Noël. Waitress au coeur léger, du vent et de l'hiver.
J'arrive à St-Gilles. La neige commence à s'accumuler sur la route, il fait noir. En certains endroits, ma voiture glisse sur l'asphalte. Waitress un peu plus nerveuse. Je baisse le volume, cesse de chanter. De grosses rafales de vent, pleine de merde blanche viennent me cacher le chemin lorsque je passe devant les champs.
Plus j'avance, plus c'est difficile. La vitesse diminue, je suis à 80 kilomètre heure. Personne ne me dépasse, six voitures restent sagement derrière moi. Merde. Merde, merde, MERDE.
J'ai acheté ma voiture en janvier dernier. Tout au long de cet hiver, dès qu'il neigeait, je choisissais l'autobus. Ou le taxi. Hors de question de m'aventurer avec mon auto. Sauf que là, je me retrouve prise dans une tempête de neige, au milieu de nul part. Et si je virais de bord ? Non, stupide, il me faudrait refaire tout le chemin, pour arriver en plein embouteillage à Québec. Waitress continue.
À 50 kilomètre heure. Toujours personne qui me double. Seule dans ma voiture, en panique. Les courbes sont ardues, je dérape partout, malgré des pneus d'hiver presque neufs. Je croise sans cesse des voitures à cheval sur la ligne jaune, qui refusent de se tasser pour me donner une chance, qui aspergent mon pare-brise de gadoue. En actionnant les essuies-glace, je me souviens qu'il est temps que je les change. Ils ne fonctionnent plus très bien. Déjà que le vent me rendait la visibilité très réduite, j'arrive seulement à voir la route entre deux traces de slush brune. Bravo.
Pourquoi je n'écoute pas les bulletins météorologiques, comme tout le monde ?
Et elles sont où, les foutues grattes qui devraient m'ouvrir le chemin en laissant des traces de garnotte ?
Dès que je touche la pédale de frein, la voiture dérape. Dès que je touche l'accélérateur pour monter les côtes, je dérape. Waitress qui chiale, les jointures blanches sur le volant, le corps crispé.
Deux heures. Il m'a fallu deux heures pour gagner la maison de mes parents. J'ai les bras, les épaules et les trapèzes endoloris. J'ouvre la porte. La première chose que je demande, c'est une bière ou un verre de vin. Quelque chose pour m'aider à décanter.
C'est mieux d'être plaisant, le souper de filles. Si j'ai risqué ma vie, c'est pas pour me faire chier une soirée de temps. Certain.
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mercredi 14 novembre 2007
Semaine catastrophe
Dimanche matin, Waitress au resto. Je pousse la porte, brûlante de fièvre, maux de ventre et hauts le coeur en prime. J'accroche mon manteau et mon sac au vestiaire du sous-sol, remonte l'escalier. Vertige. Derrière le bar, je me prends un verre d'eau et deux Advils. Extra fort. Collègue regarde le pot de pilules et, l'air découragé, me demande si je suis sortie la veille. Pas vraiment. Malade comme un chien. Et je suis quand même présente au travail. Je m'attends à de beaux bravos, des clients hystériques devant mon courage et ma ténacité, une grande banderole avec "Go, Waitress, go" qui bat au vent de la climatisation. Pas à un collègue soupçonneux.
Quinze minutes avant le début officiel de ma journée, je suis dans le jus. Trois nouvelles tables dans ma section, sans compter le rush de 10h00 qui arrive. Suivit de celui de midi. Waitress pas forte vérifie la posologie des Advils. Deux aux quatre heures. Zut. Faut encore attendre un peu. Je me lance.
Sourires pâles, mains qui tremblent et sueurs infernales. Cernes profonds, visage blanc. Mes clients n'ont pas pitié de moi. Au contraire, ils se montrent encore plus exigeant qu'à l'ordinaire. Sans oublier le fameux cuisinier du week-end qui ne m'aime pas beaucoup. Ses assiettes sont à chier, je les retourne. N'aide pas à ma popularité.
Après 137 clients, j'ai droit à une pause d'une heure avant de reprendre pour la soirée. Repos mérité. Waitress regagne sa Basse-Ville, son sofa, et sa couverture de laine.
Quinze minutes avant le début officiel de ma journée, je suis dans le jus. Trois nouvelles tables dans ma section, sans compter le rush de 10h00 qui arrive. Suivit de celui de midi. Waitress pas forte vérifie la posologie des Advils. Deux aux quatre heures. Zut. Faut encore attendre un peu. Je me lance.
Sourires pâles, mains qui tremblent et sueurs infernales. Cernes profonds, visage blanc. Mes clients n'ont pas pitié de moi. Au contraire, ils se montrent encore plus exigeant qu'à l'ordinaire. Sans oublier le fameux cuisinier du week-end qui ne m'aime pas beaucoup. Ses assiettes sont à chier, je les retourne. N'aide pas à ma popularité.
Après 137 clients, j'ai droit à une pause d'une heure avant de reprendre pour la soirée. Repos mérité. Waitress regagne sa Basse-Ville, son sofa, et sa couverture de laine.
*
Retour au boulot. État: Beurk. Réservation : Aucune. Bonne nouvelle. Je pourrai fermer le resto assez tôt et retourner dormir. Dormir...
Arrive le premier couple de la soirée. Vingt minutes avant l'ouverture. Il y a pourtant une pancarte dans la porte avec un gros "De retour à 17h00". Ils sont vieux, peut-être aussi aveugles et analphabètes.
- C'est ouvert, Mademoiselle ?
- Oui, dans vingt minutes.
- Parfait, on va s'asseoir à la table près de la fenêtre.
- !!!!!!
Mise en place à peine entamée, je n'ai pas encore les informations du menu de la table d'hôte en vigueur. Le couple s'installe et me regarde me démener pour compléter un quart d'heure de travail en deux minutes. Mme Colorée, une habituée, fait son entrée. Moins dix. Bordel.
- Un café.
- J'vous fait couler un silex, vous donne ça dans un instant.
Regard mauvais. Elle me trouve incompétente; elle est là et le café n'est pas prêt. Câlis.
Un couple de nains passe la porte. Vestes de cuire, pantalons trop courts, la femme arbore une très chouette permanente. Et un bec de lièvre. Assez prononcé pour l'empêcher de bien articuler ses mots. Je lui fais répéter tout ce qu'elle me dit. Waitress mal à l'aise qui se concentre fixer les yeux. Non. Pas la bouche, les yeux. Remonte, remonte, Waitress. C'est ça. Les yeux.
Tandis que je leur explique le menu, une famille de quatre personnes arrivent. Décide d'aller s'asseoir eux-même. Leur fais signe de la tête que je les ai vu. Un homme et un garçon font de même. Suivit d'une femme seule. Merde, merde, merde. Bec-de-lièvre me demande pour la troisième fois le choix des entrées. Comme je lui réponds, une main sur mon épaule. C'est la mère de famille.
- Mademoiselle, est-ce que c'est vous qui allez nous servir ?
- Oui, je suis à vous dans deux secondes.
- C'est qu'on a faim, nous.
- !!!!!!!!
*
À 20h00, le cuisinier décide de partir. Terminé, plus de nouvelle table. Parfait. Il ne reste plus qu'un groupe d'étudiant qui prennent les dernières bouchées de leurs desserts et un jeune homme, seul, avec son portable et une tasse de thé. Nos regards se croisent souvent, petits sourires. Tandis que j'effectue le paiement de son repas avec sa carte de crédit, il se lève et me rejoint. Il me raconte qu'il vient d'emménager dans le coin, qu'il vient de Sorel. Je lui pose des questions sur son travail, ce qui l'a emmené à venir s'établir ici. Sourire charmant, joli visage. Gentil. Il me demande mon horaire, dit qu'il reviendra. Dommage que la Waitress soit malade. Elle aurait saisit l'occasion pour cruser un peu.
*
Seule dans le bistro, j'effectue la fermeture. Je monte les chaises sur les tables, vide le lave-vaisselle. Patron arrive, en criant. Ça fait trois heures qu'il tente de me rejoindre au téléphone. Mais la ligne n'a pas été raccrochée. Il m'engueule, déverse sa colère sur moi, me postillonne au visage. Les yeux pleins d'eau, je m'excuse. Rien d'autre à ajouter. Il vérifie les messages sur la boîte vocale, puis fait son enquête. Pour s'apercevoir que c'est le cuisinier qui a oublié de fermer le téléphone. Me demande pardon. Je ne réponds rien.
En prenant ma voiture, je réfléchie. Je suis malade. Me présente quand même à mon poste puisque personne n'est disponible pour me remplacer. Une journée à chier. Patron qui vide sa colère sur moi, comme tout le temps. J'aime pas ça. Mais pas du tout.
Le pire ? C'est que lundi, j'étais présente lorsque Patron a parlé de l'histoire du téléphone au cuisinier. Il en a fait une blague. Pas fâché du tout. Lui a même dit que ce n'était pas grave. Pourquoi moi je me suis fais engueuler, alors ?
Waitress a comme une envie de vacances.
N.B. La Waitress est désolée de venir pondre un texte de chialage. Mais faut que ça sorte, des fois !
lundi 12 novembre 2007
Pas facile
La Waitress est malade. Beurk. Assommée. Gardant mes énergie pour faire des sourires pâlots aux clients du resto (en souhaitant secrètement de les contaminés tous !), je vous reviens dès que possible avec mes nouvelles aventures. Parce qu'il s'en est passé, des histoires...
Sur ce, je me prépare une soupe aux tomates.
Sur ce, je me prépare une soupe aux tomates.
vendredi 9 novembre 2007
Friday night fever
Depuis que je travaille au bistro, il existe la tradition du vendredi. Le seul soir (ou presque...) où je me permets de me péter la face sans remord, sans appréhension par rapport au lendemain.
Vendredi dernier, j'ai eu du plaisir. Comme tout le temps. Même si en cours de conversation avec Copine, je me suis sentie un peu moche. Pourquoi ? Simplement parce que j'ai réalisé que je profitais mal de mon célibat. Depuis la dernière année et demie, peu d'homme se sont retrouvés dans mon lit. Comme je me suis ramassée dans celui de bien peu de garçons. Toutes histoires ayant été racontée ici, je me considère comme une petite fille sage. Cinq hommes. En 18 mois. Dire que certaines rumeurs de la blogosphère me décrivaient comme une femme facile au début de l'été ! Copine, au physique qui ne répond pas nécessairement aux critères de beautés actuels, me bat largement. Après trois mois de vie seule. Faut croire que j'ai trop de principes...
La Waitress se dirige vers le bar, comme à chaque vendredi depuis quelques semaines. Le coeur léger. Plein d'ivresse. J'y rejoindrai mes amis. Mes connaissances. Ces gens pour qui je m'inquiète. Ces personnes que j'aime. Qui font en sorte que l'existence est belle.
Les pupilles dilatées je les rejoindrai d'ici quinze minutes. Et qui sait. Le bar m'offrira peut-être une nouvelles histoire pour demain...
Vendredi dernier, j'ai eu du plaisir. Comme tout le temps. Même si en cours de conversation avec Copine, je me suis sentie un peu moche. Pourquoi ? Simplement parce que j'ai réalisé que je profitais mal de mon célibat. Depuis la dernière année et demie, peu d'homme se sont retrouvés dans mon lit. Comme je me suis ramassée dans celui de bien peu de garçons. Toutes histoires ayant été racontée ici, je me considère comme une petite fille sage. Cinq hommes. En 18 mois. Dire que certaines rumeurs de la blogosphère me décrivaient comme une femme facile au début de l'été ! Copine, au physique qui ne répond pas nécessairement aux critères de beautés actuels, me bat largement. Après trois mois de vie seule. Faut croire que j'ai trop de principes...
La Waitress se dirige vers le bar, comme à chaque vendredi depuis quelques semaines. Le coeur léger. Plein d'ivresse. J'y rejoindrai mes amis. Mes connaissances. Ces gens pour qui je m'inquiète. Ces personnes que j'aime. Qui font en sorte que l'existence est belle.
Les pupilles dilatées je les rejoindrai d'ici quinze minutes. Et qui sait. Le bar m'offrira peut-être une nouvelles histoire pour demain...
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Histoire de fille
jeudi 8 novembre 2007
Un mardi bien calme
Mardi soir, Waitress au travail. Les heures passent tranquillement avec les quelques clients qui se pointent. Un juge et une avocate qui se saoulent au vin, deux amies qui placottent devant un bon repas. Deux femmes seules, l'une avec un roman et l'autre qui feuillette un livre sur Barcelone. Sans doute sa prochaine destination vacances. Chanceuse.
20h30. Je me prépare à fermer l'endroit. Tandis que je vide le lave-vaisselle, un homme entre. Me demande si quelqu'un l'attend.
- Non, vous êtes le premier.
Il s'assoit au bar, commande une pinte de blonde. Je discute un peu avec lui, c'est un client régulier. Patron nous rejoint. Tandis qu'il se verse un verre de vin, il m'offre une bière. Que j'accepte.
Le juge et l'avocate, bien ronds, quittent le restaurant en prenant leurs voitures respectives. Les quatre autres femmes en font autant. L'invité du client régulier tarde à arriver. Merde. Moi qui souhaitais terminer tôt, c'est sans doute foutu. Je lui sers une autre bière. Attente.
M. Frisé finit par débarquer. Commande à boire. Ne veut pas manger. Je fais donc préparer le plat du client #1.
Un couple entre. Des amis de Patron. Tournée de scotch. Puis un autre client régulier, M. Bougon. Un quinquagénaire qui chiale sur tout, tout le temps. Mais qui reste gentil avec moi. Heureusement. Suivit des trois serveurs du restaurant d'à côté. Décidément, je ne suis pas partie.
M. Frisé vient manger au restaurant six à huit fois par semaine. Parfois en compagnie d'un jeune homme bien charmant. Un chanteur du Bas-du-Fleuve. Qui connaît du succès surtout en France. Qui tourne un film en ce moment, quelque part sur l'Îles-d'Orléan. Waitress ne reste pas insensible aux sourires du Chanteur de Pomme. Et le Patron, un peu cocktail, en parle avec M. Frisé.
- T'es célibataire, Waitress ?
- Voui.
- Ben, il te trouve cute aussi. Faudrait arranger de quoi. J'vais m'arranger pour que tu sois en congé le 16 prochain, il joue à Québec, tu viendras.
Waitress rouge tomate s'enfuie. J'ai quelque chose à faire en cuisine. Merde. Merde. Merde.
Tout le monde qui boit. Beaucoup. Je ne cesse de remplir les verres. Le couple d'amis quitte le bistro, ils sont trop saouls. L'heure est au sommeil pour eux.
Patron et M. Frisé m'invitent à m'asseoir à leur table. Je me prends un autre verre. On jase, on boit, on fume des clopes en écoutant de la musique. Finalement, tout le monde me règle à 1h00. Grosses factures, pourboires généreux.
Seule avec Patron, je poursuis la fermeture. Une fois que tout est terminé, il me tend un autre verre de bière. Le cinquième. Merde. J'ai ma voiture. Et c'est moi qui ferai l'ouverture le lendemain. Mais j'accepte. On s'assoit côte à côté au bar. Patron en état très avancé. Me fait du charme. Finit par me dire qu'il m'adore. Il est temps que Waitress reparte chez elle. Après l'avoir incité à la prudence sur le retour à la maison, je referme la porte derrière moi.
20h30. Je me prépare à fermer l'endroit. Tandis que je vide le lave-vaisselle, un homme entre. Me demande si quelqu'un l'attend.
- Non, vous êtes le premier.
Il s'assoit au bar, commande une pinte de blonde. Je discute un peu avec lui, c'est un client régulier. Patron nous rejoint. Tandis qu'il se verse un verre de vin, il m'offre une bière. Que j'accepte.
Le juge et l'avocate, bien ronds, quittent le restaurant en prenant leurs voitures respectives. Les quatre autres femmes en font autant. L'invité du client régulier tarde à arriver. Merde. Moi qui souhaitais terminer tôt, c'est sans doute foutu. Je lui sers une autre bière. Attente.
M. Frisé finit par débarquer. Commande à boire. Ne veut pas manger. Je fais donc préparer le plat du client #1.
Un couple entre. Des amis de Patron. Tournée de scotch. Puis un autre client régulier, M. Bougon. Un quinquagénaire qui chiale sur tout, tout le temps. Mais qui reste gentil avec moi. Heureusement. Suivit des trois serveurs du restaurant d'à côté. Décidément, je ne suis pas partie.
M. Frisé vient manger au restaurant six à huit fois par semaine. Parfois en compagnie d'un jeune homme bien charmant. Un chanteur du Bas-du-Fleuve. Qui connaît du succès surtout en France. Qui tourne un film en ce moment, quelque part sur l'Îles-d'Orléan. Waitress ne reste pas insensible aux sourires du Chanteur de Pomme. Et le Patron, un peu cocktail, en parle avec M. Frisé.
- T'es célibataire, Waitress ?
- Voui.
- Ben, il te trouve cute aussi. Faudrait arranger de quoi. J'vais m'arranger pour que tu sois en congé le 16 prochain, il joue à Québec, tu viendras.
Waitress rouge tomate s'enfuie. J'ai quelque chose à faire en cuisine. Merde. Merde. Merde.
Tout le monde qui boit. Beaucoup. Je ne cesse de remplir les verres. Le couple d'amis quitte le bistro, ils sont trop saouls. L'heure est au sommeil pour eux.
Patron et M. Frisé m'invitent à m'asseoir à leur table. Je me prends un autre verre. On jase, on boit, on fume des clopes en écoutant de la musique. Finalement, tout le monde me règle à 1h00. Grosses factures, pourboires généreux.
Seule avec Patron, je poursuis la fermeture. Une fois que tout est terminé, il me tend un autre verre de bière. Le cinquième. Merde. J'ai ma voiture. Et c'est moi qui ferai l'ouverture le lendemain. Mais j'accepte. On s'assoit côte à côté au bar. Patron en état très avancé. Me fait du charme. Finit par me dire qu'il m'adore. Il est temps que Waitress reparte chez elle. Après l'avoir incité à la prudence sur le retour à la maison, je referme la porte derrière moi.
*
Lendemain légèrement pénible. Je me sens fatiguée. J'ai atterri dans mon lit à 2h30 du matin. En voyant la tête du Patron, j'ai l'impression d'être en pleine forme. Il sent encore l'alcool. Et m'apprend qu'il a dormi sur une banquette du restaurant. Que sa femme est bien fâchée. Qu'elle croit qu'il l'a trompée. Waitress fait le reste des déductions. Avec moi. MOI. Merde. Merde. Merde.
mardi 6 novembre 2007
Toutes les souffrances du monde
Comme si tout mon entourage ne va pas bien. Les membres de la famille qui se tournent vers moi pour avoir des conseils. Chacun avec leurs angoisses et cette promesse au silence qui suit les confidences.
Au travail, il y a une collègue qui est entrée à l'hôpital. Sur la morphine depuis quelques jours. Les médecins qui savent pas ce qu'elle a, qui croient que ce sont les intestins qui sont touchés. 22 ans. Et on ne sait quand nous la reverrons.
Le patron qui, après quelques verres, me parle de problèmes financiers, de faillite potentiel. Je ne suis que la nouvelle qui s'intègre difficilement dans la clique.
Et cet ami qui sombre. Depuis longtemps, mais qui a atteint sa limite. L'amertume le gagne, la résignation aussi. Il parle de deuil, de lâcher-prise sans arriver à le faire. Un ami fatigué. Qui a toujours eu le coeur sur la main, qui a toujours été là pour aider et aimer les autres et qui se sent seul aujourd'hui.
Une copine qui m'inquiète. Qui se fait mal au corps pour fuir je ne sais quelle souffrance du coeur. Plutôt que de parler, elle se découpe les bras. Et si elle va plus loin ?
Ces autres connaissances qui échappent des phrases qui laissent entrevoir de grandes douleurs, comme des perches pour que quelqu'un puisse répondre avec des mots rassurants. Ces gens que je ne connais pas, mais qui me regardent avec une pointe d'espoir. Si seulement la Waitress pouvait faire quelque chose...
Et la Waitress si faible, démunie devant les maux des autres. Avec mes soucis propres, qui occupent la plupart de mes pensées. Je ne me sens pas la force de rassurer ces gens que j'aime, pas maintenant. En ne faisant rien par contre que leur arrivera-t-il ?
À la fin, est-ce qu'une personne me prendra aussi sous son aille ?
Au travail, il y a une collègue qui est entrée à l'hôpital. Sur la morphine depuis quelques jours. Les médecins qui savent pas ce qu'elle a, qui croient que ce sont les intestins qui sont touchés. 22 ans. Et on ne sait quand nous la reverrons.
Le patron qui, après quelques verres, me parle de problèmes financiers, de faillite potentiel. Je ne suis que la nouvelle qui s'intègre difficilement dans la clique.
Et cet ami qui sombre. Depuis longtemps, mais qui a atteint sa limite. L'amertume le gagne, la résignation aussi. Il parle de deuil, de lâcher-prise sans arriver à le faire. Un ami fatigué. Qui a toujours eu le coeur sur la main, qui a toujours été là pour aider et aimer les autres et qui se sent seul aujourd'hui.
Une copine qui m'inquiète. Qui se fait mal au corps pour fuir je ne sais quelle souffrance du coeur. Plutôt que de parler, elle se découpe les bras. Et si elle va plus loin ?
Ces autres connaissances qui échappent des phrases qui laissent entrevoir de grandes douleurs, comme des perches pour que quelqu'un puisse répondre avec des mots rassurants. Ces gens que je ne connais pas, mais qui me regardent avec une pointe d'espoir. Si seulement la Waitress pouvait faire quelque chose...
Et la Waitress si faible, démunie devant les maux des autres. Avec mes soucis propres, qui occupent la plupart de mes pensées. Je ne me sens pas la force de rassurer ces gens que j'aime, pas maintenant. En ne faisant rien par contre que leur arrivera-t-il ?
À la fin, est-ce qu'une personne me prendra aussi sous son aille ?
jeudi 1 novembre 2007
Des mauvaises surprises
Suite à la tombée des premiers flocons de neige en début de semaine, Waitress a décidé qu'il était temps de poser ses pneus d'hiver. J'ai beau faire semblant qu'il fait toujours beau, la réalité me rattrape tranquillement. J'ai froid avec mon petit veston en velours que j'ai porté lors des fraîches soirées d'été. J'ai beau mettre des bas dans mes petits souliers ballerines, il me faut au moins quinze minutes pour que les orteilles me dégèlent lorsque j'entre quelque part.
N'écoutant que mon courage, je me suis lancée dans le trafic de fin de journée pour gagner le domicile familial, où sont entreposés mes pneus. Je déteste le trafic. Me rend nerveuse. Outre que le temps m'a semblée sans fin sur Charest, tout s'est bien déroulé.
Je suis même arrivée assez tôt à Thetford pour me rendre au garage et faire installer le tout. Assez tôt pour souper avec ma mère qui s'ennuie à mourir. Que je regarde avec tristesse. Après avoir jasé de choses et d'autres, je m'inquiète pour elle. J'en ai mal dormi la nuit dernière, à chercher une solution à ses soucis. N'ai rien trouvé. Merde.
Waitress s'est levée tôt pour reprendre la route vers Québec. Bien avant que le soleil daigne montrer son premier rayon.
Arrivée à l'appartement, une mauvaise surprise. Un des chatons étalé sur le plancher de la cuisine. Bouche et yeux grands ouverts. Raide. Figé.
Panique. Que s'est-t-il passé lors de mon absence ?
Waitress se sent coupable. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal pour que cela se produise ? Est-ce un autre chat qui l'a tué ? Était-il malade déjà ? Comment ça se fait que je ne me suis aperçue de rien ?
J'ai comme un chat dans la gorge.
N'écoutant que mon courage, je me suis lancée dans le trafic de fin de journée pour gagner le domicile familial, où sont entreposés mes pneus. Je déteste le trafic. Me rend nerveuse. Outre que le temps m'a semblée sans fin sur Charest, tout s'est bien déroulé.
Je suis même arrivée assez tôt à Thetford pour me rendre au garage et faire installer le tout. Assez tôt pour souper avec ma mère qui s'ennuie à mourir. Que je regarde avec tristesse. Après avoir jasé de choses et d'autres, je m'inquiète pour elle. J'en ai mal dormi la nuit dernière, à chercher une solution à ses soucis. N'ai rien trouvé. Merde.
Waitress s'est levée tôt pour reprendre la route vers Québec. Bien avant que le soleil daigne montrer son premier rayon.
Arrivée à l'appartement, une mauvaise surprise. Un des chatons étalé sur le plancher de la cuisine. Bouche et yeux grands ouverts. Raide. Figé.
Panique. Que s'est-t-il passé lors de mon absence ?
Waitress se sent coupable. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal pour que cela se produise ? Est-ce un autre chat qui l'a tué ? Était-il malade déjà ? Comment ça se fait que je ne me suis aperçue de rien ?
J'ai comme un chat dans la gorge.
dimanche 28 octobre 2007
Des principes de Waitress
Vendredi. Waitress se pointe au bar, pour participer à la fin du cinq-à-sept. Assise au comptoir, je commande une bière, question de ne pas exagérer autant que la semaine précédente. Les gins & tonic, c’est traitre.
Al Bee m’accompagne, se tient à ma gauche. Nous nous relatons les diverses aventures de la semaine. Mon boulot et les hésitations, M. Magazine et l’envie de mourir sur place. Il me raconte la belle S. qui lui torture le cœur, qu’il ne veut plus revoir pour un temps. Arrive une série de shooters, gracieuseté la Barmaid. La traditionnelle tournée des « Amis du vendredi ».
Al Bee me présente son voisin, Pit. Une connaissance. Il discute avec nous, on déconne. Sur leur pseudo sortie de prison pour le week-end, de ma condition de dinde qui commence à freaker à l’approche de Noël.
20h17. Al Bee doit quitter, rejoindre une autre amie à qui il a promis de faire les courses.
- Tu fais quoi ensuite, Waitress ?
- Aucune idée encore, pas de plan pour la soirée.
- Moi je vais repasser plus tard. Penses-tu rester ici ?
- Sais pas, j’irai peut-être en haute-ville.
- Laisse un message sur le répondeur si tu vas ailleurs.
Je vais appeler Copine. Répondeur. Plus tôt, je lui ai laissé un message comme quoi je serais au bar, une invitation à me rejoindre. Elle ne viendra pas.
De retour à mon tabouret, une vodka attend à côté de ma bière. Chin-chin, Pit. Nous conversons à propos du service, métier qu’il a pratiqué pendant de nombreuses années. Jusqu’à écœurement. Il a alors entrepris une formation en boucherie. A vécu sa jeunesse dans un chalet près de ma ville natale. Nous en parlons. Puis, la littérature et le cinéma passent. Nos goûts sont souvent similaires. Conversation intéressante.
Nous montons au deuxième étage, où il y a moins de monde et moins de bruit. Vodka, vodka, bière. Je finis par me retourner et constater qu’Al Bee est de nouveau à mes côtés. On déconne un peu, lui me regarde avec de grands sourires.
Pit se rapproche de plus en plus de mon corps. Frisson. Sa main saisit la mienne. Il s’approche et m’embrasse. Ses lèvres pulpeuses sur les miennes. Frisson. Je me retire un peu. Il revient, n’ai pas la volonté de résister. Me propose d’aller chez moi.
- Non.
Il insiste, j’ai envie de flancher. Il m’embrasse encore, me mordille le bras. Chair de poule.
- J’aimerais te faire l’amour.
- Moi aussi. Mais, non.
Je sors fumer une cigarette avec Al Bee. Lui raconte ce qui se passe.
- Pourquoi tu dis pas oui ?
- Parce qu’il est tellement en couple.
- C’est pas ton problème.
- Je sais. Mais j’veux pas m’immiscer dans cette histoire-là.
Il me fait un colleux, me flatte les cheveux. Retour à l’intérieur. Pit poursuit son manège. Me murmure des obscénités au creux de l’oreille, m’embrasse, me mords. Sa main conduit la mienne à son entrejambe. Érection. Je me tasse, fais de gros yeux. Non. Non. Non.
Je commande deux gins d’un coup. Bois le premier en deux gorgées. Il sait maintenant que je ne changerai pas d’idée. Quitte le bar. Je bois l’autre verre doucement, les yeux rivés sur le comptoir. Last call. C’est à mon tour de partir.
Tôt samedi matin, je me suis réveillée. Encore cocktail. Un goût amer dans la bouche. Sans savoir pourquoi, je me doute qu’il m’aurait fait l’amour doucement. Qu’il aurait su dévorer mon corps, que nos gestes auraient gagné en agressivité. Que s’aurait été bon. Il aurait remis ses vêtements. Appeler un taxi pour regagner son appartement. Et sa copine.
Mais j’exige une cuillère après l’amour.
Al Bee m’accompagne, se tient à ma gauche. Nous nous relatons les diverses aventures de la semaine. Mon boulot et les hésitations, M. Magazine et l’envie de mourir sur place. Il me raconte la belle S. qui lui torture le cœur, qu’il ne veut plus revoir pour un temps. Arrive une série de shooters, gracieuseté la Barmaid. La traditionnelle tournée des « Amis du vendredi ».
Al Bee me présente son voisin, Pit. Une connaissance. Il discute avec nous, on déconne. Sur leur pseudo sortie de prison pour le week-end, de ma condition de dinde qui commence à freaker à l’approche de Noël.
20h17. Al Bee doit quitter, rejoindre une autre amie à qui il a promis de faire les courses.
- Tu fais quoi ensuite, Waitress ?
- Aucune idée encore, pas de plan pour la soirée.
- Moi je vais repasser plus tard. Penses-tu rester ici ?
- Sais pas, j’irai peut-être en haute-ville.
- Laisse un message sur le répondeur si tu vas ailleurs.
Je vais appeler Copine. Répondeur. Plus tôt, je lui ai laissé un message comme quoi je serais au bar, une invitation à me rejoindre. Elle ne viendra pas.
De retour à mon tabouret, une vodka attend à côté de ma bière. Chin-chin, Pit. Nous conversons à propos du service, métier qu’il a pratiqué pendant de nombreuses années. Jusqu’à écœurement. Il a alors entrepris une formation en boucherie. A vécu sa jeunesse dans un chalet près de ma ville natale. Nous en parlons. Puis, la littérature et le cinéma passent. Nos goûts sont souvent similaires. Conversation intéressante.
Nous montons au deuxième étage, où il y a moins de monde et moins de bruit. Vodka, vodka, bière. Je finis par me retourner et constater qu’Al Bee est de nouveau à mes côtés. On déconne un peu, lui me regarde avec de grands sourires.
Pit se rapproche de plus en plus de mon corps. Frisson. Sa main saisit la mienne. Il s’approche et m’embrasse. Ses lèvres pulpeuses sur les miennes. Frisson. Je me retire un peu. Il revient, n’ai pas la volonté de résister. Me propose d’aller chez moi.
- Non.
Il insiste, j’ai envie de flancher. Il m’embrasse encore, me mordille le bras. Chair de poule.
- J’aimerais te faire l’amour.
- Moi aussi. Mais, non.
Je sors fumer une cigarette avec Al Bee. Lui raconte ce qui se passe.
- Pourquoi tu dis pas oui ?
- Parce qu’il est tellement en couple.
- C’est pas ton problème.
- Je sais. Mais j’veux pas m’immiscer dans cette histoire-là.
Il me fait un colleux, me flatte les cheveux. Retour à l’intérieur. Pit poursuit son manège. Me murmure des obscénités au creux de l’oreille, m’embrasse, me mords. Sa main conduit la mienne à son entrejambe. Érection. Je me tasse, fais de gros yeux. Non. Non. Non.
Je commande deux gins d’un coup. Bois le premier en deux gorgées. Il sait maintenant que je ne changerai pas d’idée. Quitte le bar. Je bois l’autre verre doucement, les yeux rivés sur le comptoir. Last call. C’est à mon tour de partir.
Tôt samedi matin, je me suis réveillée. Encore cocktail. Un goût amer dans la bouche. Sans savoir pourquoi, je me doute qu’il m’aurait fait l’amour doucement. Qu’il aurait su dévorer mon corps, que nos gestes auraient gagné en agressivité. Que s’aurait été bon. Il aurait remis ses vêtements. Appeler un taxi pour regagner son appartement. Et sa copine.
Mais j’exige une cuillère après l’amour.
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vendredi 26 octobre 2007
So fashion
Waitress marche sans presse dans la rue. Il fait déjà noir. L'air est froid dans mes poumons, la lune bien ronde entre les immeubles. Direction dépanneur, question d'acquérir de nouveaux bâtons de tabac et de remettre ma location vidéo.
Avec ses milliers de néons trop éblouissants et le mouvement qu'on distingue par les deux grandes fenêtres entourant la porte, le petit commerce ressemble à une promesse de vie et de chaleur dans la nuit.
À la caisse, un homme discute avec le commis.
- J'suis content, je vais pouvoir faire mon lavage.
- Good. Bonne soirée, Monsieur.
L'homme porte de gros bas de laine gris dans des pantoufles vertes et bleues. Assorties à son vêtement de nuit. Continue de parler de sa lessive.
Je me dirige vers le fond du dépanneur, question de voir si un bon film ne m'attend pas sur les rayons. Un autre homme, aussi en pyjama. Avec des bottes de construction dans les pieds. Eh.
Je règle mon achat, et comme je pousse la porte, arrive une femme dans la quarantaine. Avec une jaquette bleue pâle, un peignoir, bas de laine et running shoes.
Le matin, je ne me serais pas posée de question. Mais à 18h00, rencontrer trois personnes qui ne se connaissent pas, habillées pour dormir pour se rendre au dep, je trouve ça louche.
Je n'ai pas feuilleté de magazine de mode depuis un moment déjà. Ma dernière visite au centre commercial remonte à longtemps aussi. Serait-ce une nouvelle mode ? Pourquoi personne ne m'a avertie ?
Après le boulot, je ne prends pas de chance. J'irai acheter le Elle Québec et le Clin d'Oeil avant de me rendre chez La Senza. Ou chez Sears, selon les recommandations des bibles de la mode.
Chose certaine, j'arrête de refaire mon maquillage pour aller au dépanneur. J'veux surtout pas avoir l'air complètement out.
Avec ses milliers de néons trop éblouissants et le mouvement qu'on distingue par les deux grandes fenêtres entourant la porte, le petit commerce ressemble à une promesse de vie et de chaleur dans la nuit.
À la caisse, un homme discute avec le commis.
- J'suis content, je vais pouvoir faire mon lavage.
- Good. Bonne soirée, Monsieur.
L'homme porte de gros bas de laine gris dans des pantoufles vertes et bleues. Assorties à son vêtement de nuit. Continue de parler de sa lessive.
Je me dirige vers le fond du dépanneur, question de voir si un bon film ne m'attend pas sur les rayons. Un autre homme, aussi en pyjama. Avec des bottes de construction dans les pieds. Eh.
Je règle mon achat, et comme je pousse la porte, arrive une femme dans la quarantaine. Avec une jaquette bleue pâle, un peignoir, bas de laine et running shoes.
Le matin, je ne me serais pas posée de question. Mais à 18h00, rencontrer trois personnes qui ne se connaissent pas, habillées pour dormir pour se rendre au dep, je trouve ça louche.
Je n'ai pas feuilleté de magazine de mode depuis un moment déjà. Ma dernière visite au centre commercial remonte à longtemps aussi. Serait-ce une nouvelle mode ? Pourquoi personne ne m'a avertie ?
Après le boulot, je ne prends pas de chance. J'irai acheter le Elle Québec et le Clin d'Oeil avant de me rendre chez La Senza. Ou chez Sears, selon les recommandations des bibles de la mode.
Chose certaine, j'arrête de refaire mon maquillage pour aller au dépanneur. J'veux surtout pas avoir l'air complètement out.
jeudi 25 octobre 2007
Du désenchantement
Waitress se prépare pour le travail. Sous la douche, je me mets à trembler. Je me sens nerveuse, comme à tous les matins. Tente de me raisonner en me parlant à voix haute « Ça va bien aller, calme-toi ». En fait, j’aurais plutôt envie de me rouler en boule dans mon lit et de ne pas répondre au téléphone lorsque le patron me cherchera. Disparaître, faire la morte pour lui.
Dans la voiture, mes muscles se contractes sans que j’y mette de volonté. Monte le son, allume une cigarette et je gueule sur la musique. Ça passe.
J’entre au restaurant. Vais déposer mon manteau, mon sac au sous-sol. Ça recommence. Et là, ça ne me quittera plus. Je prends les informations sur le menu du jour, vérifie ma section, termine la mise en place en surveillant la porte. À midi pile, je sais que je serai dans la merde.
Ma section se remplie d’un coup. J’apporte les verres d’eau, les apéros, prends les commandes. J’ai des entrées qui sortent sur le passe, ma collègue vient de partir avec les paniers à pain que je m’étais préparée, un câlis de capuccino à faire, des desserts à réchauffer et décorer, une facture à remettre et je vois que j’ai deux nouvelles tables d’arrivées.
Patron m’accroche pour me dire que c’est trop long à la 24. Que j’ai fait passer la 22 avant. Merde, ils m’ont donnée leur commande en rentrant dans le resto, les autres savaient pas encore ce qu’ils voulaient !
13h27. Ne reste plus que quelques clients qui sirotent leur thé vert. La tension retombe, j’entreprends le ménage. Avec le sentiment d’être nulle, pas à la hauteur.
Et ainsi, cinq jours par semaine. J’ai des cauchemars où on m’attaque, me menace, je dors mal. Je m’éveille en sachant que je vais aller vivre deux heures sur la corde raide. J’ai beau me dire que je m’en vais « jouer » au restaurant, ça reste quand même. Le chef avec son air bête, sa tendance à ne pas me répondre quand je pose une question. Le lundi, alors que Patron est absent, il me pète des coches parce que je prends les commandes trop vite. Le mardi, Patron me pète des coches parce que je ne prends pas les commandes assez vite.
Mon nouveau boulot ? Je sais pas. Je me demande si je dois laisser une chance ou bien déguerpir au plus sacrant. Parce qu’aujourd’hui, j’ai de profonds cernes noirs sous les yeux. Et j’commence à faire des boutons.
Dans la voiture, mes muscles se contractes sans que j’y mette de volonté. Monte le son, allume une cigarette et je gueule sur la musique. Ça passe.
J’entre au restaurant. Vais déposer mon manteau, mon sac au sous-sol. Ça recommence. Et là, ça ne me quittera plus. Je prends les informations sur le menu du jour, vérifie ma section, termine la mise en place en surveillant la porte. À midi pile, je sais que je serai dans la merde.
Ma section se remplie d’un coup. J’apporte les verres d’eau, les apéros, prends les commandes. J’ai des entrées qui sortent sur le passe, ma collègue vient de partir avec les paniers à pain que je m’étais préparée, un câlis de capuccino à faire, des desserts à réchauffer et décorer, une facture à remettre et je vois que j’ai deux nouvelles tables d’arrivées.
Patron m’accroche pour me dire que c’est trop long à la 24. Que j’ai fait passer la 22 avant. Merde, ils m’ont donnée leur commande en rentrant dans le resto, les autres savaient pas encore ce qu’ils voulaient !
13h27. Ne reste plus que quelques clients qui sirotent leur thé vert. La tension retombe, j’entreprends le ménage. Avec le sentiment d’être nulle, pas à la hauteur.
Et ainsi, cinq jours par semaine. J’ai des cauchemars où on m’attaque, me menace, je dors mal. Je m’éveille en sachant que je vais aller vivre deux heures sur la corde raide. J’ai beau me dire que je m’en vais « jouer » au restaurant, ça reste quand même. Le chef avec son air bête, sa tendance à ne pas me répondre quand je pose une question. Le lundi, alors que Patron est absent, il me pète des coches parce que je prends les commandes trop vite. Le mardi, Patron me pète des coches parce que je ne prends pas les commandes assez vite.
Mon nouveau boulot ? Je sais pas. Je me demande si je dois laisser une chance ou bien déguerpir au plus sacrant. Parce qu’aujourd’hui, j’ai de profonds cernes noirs sous les yeux. Et j’commence à faire des boutons.
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Travail de Waitress
mardi 23 octobre 2007
Journée merdique d'octobre
Encore une nuit agitée. Je suis sur le canapé, endormie, lumières et télévision ouvertes. J’entends quand même ce qui se dit à l’écran. Une voix de petit garçon. Qui présente la météo. Allez savoir pourquoi, Waitress a la trouille. Terrifiée par un présentateur de météo, âgé de six ans. J’entends un bruit, qui provient de la porte d’entrée, située à la gauche du sofa. Quelqu’un qui entre chez moi. Je ne dors plus, mais garde les yeux clos. Trop peur de voir ce qui se passe. Sens la personne se déplacer, passer devant mon corps. Ou plutôt je le devine aux frottements de ses vêtements. L’inconnu s’assoit sur le divan, près de mes jambes. Waitress attend la suite. On soulève un bâton. Pour me frappe derrière la tête.
J’émerge du sommeil. Je suis sur le canapé, lumières et télévision ouvertes, allongée dans la même position que dans le rêve. Le cœur qui bat fort, je ne veux pas regarder autour de moi. Au cas où il y aurait quelqu’un. Je me raisonne après un moment, vais me coucher dans mon lit. Le même rêve une autre fois au cours de la nuit.
À 11h00, je quitte l’appartement pour me rendre au travail. Cigarette aux lèvres, Metric dans les oreilles. Sur le chemin St-Louis, tout prêt du restaurant, une voiture surgit d’une allée, me coupe le chemin. Au lieu d’avancée, elle s’arrête dans la rue. Demeure immobile. J’écrase la pédale de frein. Ma Sunfire glisse sur l’asphalte mouillée, un coup de volant à droite. Certaine d’emboutir le derrière de l’autre, je m’arrête à quelques millimètres de lui.
Les mains tremblantes, je me présente au travail. Le patron m’apprend que sept journalistes viennent luncher chez nous, que je m’occuperai d’eux. Pas de problème. Puisqu’ils arriveront d’ici peu, je tente de me ressaisir. Avec plus ou moins de succès. Toujours parcourue de tremblements, la bouche sèche. Ils arrivent. Prennent l’apéritif. Un deuxième. Ils attendent l’arrivée d’un retardataire. Tandis que je sers une autre table, Monsieur Magasine se pointe. (Voir ici et là)Merde. Merde, merde, merde.
Patron m’accroche pour me dire qui il est.
- Je sais.
- Une ancienne flamme ?
- Non.
- J’espère que l’histoire s’est bien finit, faudrait qu’il parle en bien du resto…
Dès qu’il me voit, il se lève, m’embrasse les joues, demande de mes nouvelles.
Les mains tremblantes, j’ouvre les bouteilles de vin, en fait le service, apporte les corbeilles de pain, les entrées sous l’œil calculateur de M. Magasine.
Malgré la nervosité, tout se passe bien. Waitress retire les assiettes vides, remplit les verres de vin, ajuste les couverts. Puis, le voisin de M. Magasine m’accroche par le coude.
- Mademoiselle, vous savez que le beau jeune homme ici est célibataire ?
Waitress bégaie. Merde, merde, merde. POURQUOI MOI ?
M. Magasine me demande si je passe l’hiver dans ce bistro.
- J’en suis à ma première semaine, je sais pas encore.
Premier à quitter la table pour poursuivre sa journée de travail, le garçon me fait à nouveau la bise en ajoutant qu’on se reverra bientôt. Sûrement, oui…
Avec un chef à l’air bête, aux réponses cinglantes, avec la pluie et le fait que ce n’est que le deuxième jour de la semaine, c’est ce que j’appelle une journée de merde.
Et en passant. Les journalistes, ça mangent et boient comme des porcs.
J’émerge du sommeil. Je suis sur le canapé, lumières et télévision ouvertes, allongée dans la même position que dans le rêve. Le cœur qui bat fort, je ne veux pas regarder autour de moi. Au cas où il y aurait quelqu’un. Je me raisonne après un moment, vais me coucher dans mon lit. Le même rêve une autre fois au cours de la nuit.
À 11h00, je quitte l’appartement pour me rendre au travail. Cigarette aux lèvres, Metric dans les oreilles. Sur le chemin St-Louis, tout prêt du restaurant, une voiture surgit d’une allée, me coupe le chemin. Au lieu d’avancée, elle s’arrête dans la rue. Demeure immobile. J’écrase la pédale de frein. Ma Sunfire glisse sur l’asphalte mouillée, un coup de volant à droite. Certaine d’emboutir le derrière de l’autre, je m’arrête à quelques millimètres de lui.
Les mains tremblantes, je me présente au travail. Le patron m’apprend que sept journalistes viennent luncher chez nous, que je m’occuperai d’eux. Pas de problème. Puisqu’ils arriveront d’ici peu, je tente de me ressaisir. Avec plus ou moins de succès. Toujours parcourue de tremblements, la bouche sèche. Ils arrivent. Prennent l’apéritif. Un deuxième. Ils attendent l’arrivée d’un retardataire. Tandis que je sers une autre table, Monsieur Magasine se pointe. (Voir ici et là)Merde. Merde, merde, merde.
Patron m’accroche pour me dire qui il est.
- Je sais.
- Une ancienne flamme ?
- Non.
- J’espère que l’histoire s’est bien finit, faudrait qu’il parle en bien du resto…
Dès qu’il me voit, il se lève, m’embrasse les joues, demande de mes nouvelles.
Les mains tremblantes, j’ouvre les bouteilles de vin, en fait le service, apporte les corbeilles de pain, les entrées sous l’œil calculateur de M. Magasine.
Malgré la nervosité, tout se passe bien. Waitress retire les assiettes vides, remplit les verres de vin, ajuste les couverts. Puis, le voisin de M. Magasine m’accroche par le coude.
- Mademoiselle, vous savez que le beau jeune homme ici est célibataire ?
Waitress bégaie. Merde, merde, merde. POURQUOI MOI ?
M. Magasine me demande si je passe l’hiver dans ce bistro.
- J’en suis à ma première semaine, je sais pas encore.
Premier à quitter la table pour poursuivre sa journée de travail, le garçon me fait à nouveau la bise en ajoutant qu’on se reverra bientôt. Sûrement, oui…
Avec un chef à l’air bête, aux réponses cinglantes, avec la pluie et le fait que ce n’est que le deuxième jour de la semaine, c’est ce que j’appelle une journée de merde.
Et en passant. Les journalistes, ça mangent et boient comme des porcs.
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Travail de Waitress
lundi 22 octobre 2007
Agitation
Dans la nuit de samedi à dimanche, j’ai fait un rêve étrange. De ceux qui vous fichent le cafard longtemps, même après une nouvelle nuit vide. Waitress déteste ce genre de songe. Comme s’ils annoncent de grosses briques à prendre sur la tête. Impuissance. Angoisse.
Janvier ou peut-être février. Une journée noire et froide. Ce n’est pas seulement l’hiver; je me sens attaquée par la température, même la Nature m’en veut. Une sorte de menace. Je marche dehors. La lune éclaire le chemin, mon haleine se transforme en buée. Je m’arrête devant une petite maison. Par l’unique fenêtre, je vois la lumière d’une bougie. Du mouvement. Puisque je grelote, je décide d’y entrer.
À l’intérieur, un vieux plancher, des poutres au plafond. Des meubles massifs partout, des livres recouverts de poussière. Je m’assois à la table et je regarde les dessins que forment les nœuds du bois. Lorsque je relève la tête, une femme se trouve en face de moi. Une cousine que je n’ai pas vue depuis quelques années. Les yeux exorbités, le visage plissé par la colère. Elle lève la main, me pointe de l’index. M’apprend qu’elle veut me tuer. Je tente de discuter avec elle, mais ça ne mène à rien. Je sais qu’elle mettra ses menaces à exécution. Je me sauve de la maison.
Retour à l’extérieur. Je courre dans la neige, il n’y a plus de lumière, je ne vois plus du tout où je vais. « L’hiver m’attaque, l’hiver aussi veut me tuer ». Je me répète cette phrase en boucle.
Je finis par arriver devant une autre maison. Là, c’est un feu de foyer que j'apperçois par la fenêtre. J’y entre. Les murs sont couverts de cadres. Différents de taille, de couleurs, de motifs. Et tous vides. Juste du noir ceinturé de bois. La propriétaire des lieux les montrent à un groupe de femmes qui se trouvent là. Mes yeux rivés sur un cadre double, teint en bleu et sans détail. « Je ne pourrai pas m’y cacher ».
Janvier ou peut-être février. Une journée noire et froide. Ce n’est pas seulement l’hiver; je me sens attaquée par la température, même la Nature m’en veut. Une sorte de menace. Je marche dehors. La lune éclaire le chemin, mon haleine se transforme en buée. Je m’arrête devant une petite maison. Par l’unique fenêtre, je vois la lumière d’une bougie. Du mouvement. Puisque je grelote, je décide d’y entrer.
À l’intérieur, un vieux plancher, des poutres au plafond. Des meubles massifs partout, des livres recouverts de poussière. Je m’assois à la table et je regarde les dessins que forment les nœuds du bois. Lorsque je relève la tête, une femme se trouve en face de moi. Une cousine que je n’ai pas vue depuis quelques années. Les yeux exorbités, le visage plissé par la colère. Elle lève la main, me pointe de l’index. M’apprend qu’elle veut me tuer. Je tente de discuter avec elle, mais ça ne mène à rien. Je sais qu’elle mettra ses menaces à exécution. Je me sauve de la maison.
Retour à l’extérieur. Je courre dans la neige, il n’y a plus de lumière, je ne vois plus du tout où je vais. « L’hiver m’attaque, l’hiver aussi veut me tuer ». Je me répète cette phrase en boucle.
Je finis par arriver devant une autre maison. Là, c’est un feu de foyer que j'apperçois par la fenêtre. J’y entre. Les murs sont couverts de cadres. Différents de taille, de couleurs, de motifs. Et tous vides. Juste du noir ceinturé de bois. La propriétaire des lieux les montrent à un groupe de femmes qui se trouvent là. Mes yeux rivés sur un cadre double, teint en bleu et sans détail. « Je ne pourrai pas m’y cacher ».
Et je me réveille. Avec cette angoisse dans la poitrine qui me tient depuis deux jours.
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